Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/260

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Quelle considération la derniere loi que nous avons rapportée, ne devoit-elle pas, dans une societé politique où la servitude avoit lieu, donner à ceux qui étoient les dispensateurs de cette loi ? Il n’est donc pas étonnant que les ecclésiastiques eussent alors un si grand crédit. Les laïques étoient tous les jours obligés d’avoir recours à eux, même pour des interêts temporels : et d’un autre côté, les immunités et les privileges des ecclésiastiques se trouvoient être en si grand nombre, que le prince étoit réputé perdre en quelque façon celui de ses sujets qui se faisoit d’Eglise. Voilà pourquoi un laïque ne pouvoit, sans la permission expresse de son souverain, entrer dans l’état ecclésiastique. Le quatriéme canon de notre concile d’Orleans statue sur ce point-là, ce qu’on va lire.

» Quant à l’entrée dans la cléricature, nous ordonnons qu’aucun Citoyen laique ne pourra être admis à cet état, sans un ordre du Roi, ou sans le consentement du Juge du district dont sera l’Ordinant ; bien entendu néanmoins, que ceux dont les peres, les ayeuls, & les bilayeuls ont toujours » vêcu dans la cléricature, continueront d’être sous la puissan » ce des Evêques, à la jurisdiction desquels ils demeureront soumis. »

Suivant l’apparence, ce qui est dit dans ce canon : que personne ne puisse être admis à la cléricature, sans un ordre du roi, ou sans le consentement du juge, signifie que les Francs ne pourront point y être admis, sans un ordre exprès du roi, mais que les Romains y pourront être admis sur la simple permission du sénateur qui faisoit la fonction de premier magistrat dans leur cité. On voit bien que le motif qui avoit engagé les peres du concile d’Orleans à statuer concernant les Francs, ce qui étoit statué dès le tems des empereurs concernant les soldats, étoit l’interêt general de la patrie, et le respect dû au souverain. Cette loi ne regardoit-elle pas aussi les soldats Romains qui servoient sous Clovis ? Je le crois ; c’est tout ce que j’en puis dire. Ce qui est certain, c’est que dans le tems que Marculphe a compilé ses formules, c’est-à-dire, sous les derniers rois de la premiere