Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/269

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du jour où ce corps et ceux des autres princes furent portés solemnellement dans le tombeau qu’on leur avoit fait, laquelle se célébre aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, la sépulture donnée à Clovis dans l’église des Saints Apôtres, n’étoit pas un violement de la loi qui défendoit d’enterrer dans les villes, et dont nous avons fait mention à l’occasion du lieu où Childéric son pere avoit été inhumé. On sçait bien que l’église de sainte Geneviéve ne fut enclose dans l’enceinte de Paris que long-tems après le sixiéme siécle.

Quant à la reine Blanche dont il est fait mention dans les trois oraisons qui se chantent à l’anniversaire de Clovis, elle est suivant mon opinion, la même personne que la reine Albofléde sœur de ce prince, qui, comme nous l’avons vû, se fit chrétienne en même tems que lui, et mourut peu de jours après avoir reçû le batême. Elle s’appelloit Blanche en langue des Francs, et les Romains des Gaules en traduisant son nom en latin celtique l’auront appellée Albofléde du nom composé de deux mots dont l’un étoit latin, et l’autre germanique. M Blount dans son dictionnaire[1] des termes de loi en usage en Angleterre, et dont la plûpart sont tirés du langage des anciens Saxons qui parloient la langue Germanique, dit que Fleet signifioit un courant d’eau. Ainsi le nom donné à notre princesse, peut se traduire en françois par celui de Blanc ruisseau. Le sens de cette expression figurée étoit apparemment alors une espece de louange. Ce qui est de certain, c’est que notre reine Blanche concernant laquelle il n’y a aucune tradition dans l’abbaye de sainte Geneviéve, ne sçauroit être la reine Clotilde. Il est bien vrai que cette princesse a été inhumée à côté du roi son mari, mais comme depuis elle a été mise au nombre des saints, et que l’église célébre sa fête le troisiéme jour du mois de juin, elle ne sçauroit être la même personne pour qui l’église prie encore aujourd’hui le vingt-septiéme jour de novembre.

En quel lieu le corps d’Albofléde aura-t’il été déposé jusques au tems qu’il fut apporté à Paris, pour être inhumé dans le tombeau du chef de sa maison ? Dans quelqu’église voisine de Soissons ville où Clovis faisoit encore son séjour ordinaire quand cette princesse mourut. On aura transporté de-là son corps à Paris, lorsque le mausolée dont nous venons de parler eut été achevé,

  1. Nomo Lexicon Thom. Blount. London. 1670.