Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/272

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sera celui que Nicetius l’évêque de Tréves rend à la vérité dans sa lettre à Clodesuinde, fille de Clotaire Premier, l’un des fils de Clovis, et que notre prélat écrivit à cette princesse, pour l’engager à travailler sérieusement à la conversion d’Alboin roi des Lombards qu’elle avoit épousé. » Vous devez avoir appris, lui dit Nicetius, de la Reine Sainte Clotilde votre ayeule, comment s’étoit fait son mariage avec le Roi des Francs, & comment elle étoit venuë à bout de le convertir à la foi Catholique. Ce Prince qui avoit l’esprit pénétrant, ne voulut point faire une telle démarche, avant que d’avoir bien étudié notre Religion. Ainsi ce ne fut qu’après en avoir reconnu la vérité, qu’il s’humilia dans l’Eglise de Notre-Dame de Reims, & qu’il y reçut le Baptême. Vous devez avoir appris en même tems quels glorieux succès vinrent à la suite de cette humiliation, & quels avantages votre ayeul remporta sur le Roi Gondebaud & sur le Roi Alaric qui étoient Ariens. Enfin vous ne sçauriez ignorer que Clovis jouit, dès ce monde d’une grande prospérité, & qu’en mourant il laissa à ses fils un magnifique établissement. »

Avant que d’exposer quelle étoit sous le regne de Clovis la condition des Romains, et celle des autres peuples qui le reconnoissoient pour chef ; avant que d’expliquer, autant qu’il est possible de l’expliquer, quelle étoit alors la constitution de la monarchie Françoise ; je crois qu’il est à propos de dire comment elle acquit sous le regne des premiers successeurs de ce prince, toute la partie des Gaules qui à sa mort étoit encore possedée par les Bourguignons et par les Ostrogots, et la partie de la Germanie tenuë dans ce tems-là par les Turingiens. J’ai deux raisons pour en user ainsi. En premier lieu, il y a eu dans tous ces évenemens-là plusieurs incidens qui doivent servir de preuve à ce que j’ai à dire touchant la constitution de la monarchie des Francs. Or il vaut beaucoup mieux qu’on les lise d’abord dans l’endroit de l’histoire de France dont ils font partie, que de les lire rapportés en forme d’extraits qui laisseroient souvent souhaiter de voir ce qui les précéde et ce qui les suit. En second