Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/274

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Agathias le scholastique, auteur du sixiéme siécle, et qui a laissé une continuation de l’Histoire de la guerre Gothique de Procope, nous donne dans l’endroit de son ouvrage où il fait une disgression concernant les Francs, une juste idée du partage que les enfans de Clovis firent de son royaume, et il n’y a rien dans Gregoire de Tours qui la contredise. » Thierri, dit l’Ecrivain Grec, Clodomire, Childebert & Clotaire étoient freres. Après la mort de leur pere Clovis, ils partagerent ses Etats entr’eux. Ce partage, ajoute Agathias, se fit en attribuant à chacun de ces Princes un certain nombre de Cités, & un certain nombre de Sujets de chacune des Nations établies dans la partie des Gaules, qui reconnoissoit l’autorité de Clovis. A ce que j’ai oui dire, les partages furent si bien faits, que les lots se trouverent égaux : C’est-à-dire, que chacun des quatre freres eut dans son lot autant de territoire & autant de Francs, que ses compartageans. » En effet, comme les Francs étoient, pour ainsi dire, le bras droit de la monarchie, il seroit arrivé, si quelqu’un de nos quatre princes avoit eu dans son partage un plus grand nombre de Francs que ses freres, qu’il auroit été en état de leur faire la loi, et même de les dépouiller. Ce fut donc pour éviter cet inconvénient, sans donner atteinte néanmoins à l’égalité des parts et portions, qu’on aura commencé par mettre d’abord dans chaque partage une certaine quantité de celles des cités des Gaules où les Francs étoient habitués en plus grand nombre. Dans le premier lot on n’aura mis, par exemple, que quatre de ces cités-là, parce qu’il y avoit dix mille Francs de domiciliés dans leurs districts. Il aura fallu au contraire mettre huit de nos cités dans le second lot, parce qu’il n’y avoit dans toutes ces cités que le même nombre de Francs de domiciliés. On en aura usé de même en composant le troisiéme lot et le quatriéme. Qu’il y ait eu des cités où les Francs étoient domiciliés en plus grand nombre que dans d’autres, on n’en sçauroit douter. L’histoire de l’établissement des Francs dans les Gaules porte à croire que cela soit arrivé ainsi. D’ailleurs, comme nous le dirons un jour : pourquoi une partie des Gaules également soumises à nos rois, s’appelloit-elle à la fin de la premiere race Francia, ou le pays des Francs par excellence ? Si ce n’est parce que les