Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/280

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un tems où le royaume des Bourguignons subsistoit encore, aller de Rheims, ou de Mets qu’il destinoit pour être le lieu de son séjour ordinaire, dans l’Auvergne, qu’en traversant une partie des Etats de Clodomire, et une partie des Etats de Clotaire. Mais nos princes s’étoient soumis à cet inconvenient pour en éviter un plus grand : celui qu’un ou deux des quatre freres devinssent les maîtres de faire la loi aux autres ; et c’est ce qui seroit arrivé, si deux d’entr’eux avoient eu dans leurs partages toutes les cités qui sont entre le Rhin et la Loire, parce que c’étoit-là que la plûpart des Francs absolument dits, et la plûpart des Francs Ripuaires s’étoient habitués.

Cet inconvénient paroissoit si fort à craindre à nos princes, que Childebert, Clotaire Premier son frere, et Theodebert le fils de Thierri, suivirent le plan de partage fait à la mort de Clovis, lorsqu’ils diviserent entr’eux vers cinq cens trente-quatre le pays tenu par les Bourguignons, qu’ils venoient de subjuguer. Chacun de ces trois princes y eut sa portion qu’il garda sans l’échanger contre aucun des Etats que ses compartageans possedoient déja, quoique cela dût être convenable. Mais comme ils avoient pour principe dans leur premier partage d’attribuer à chacun une portion de la milice des Francs égale à la portion des autres, ils eurent aussi pour principe, en partageant le païs des Bourguignons après l’avoir conquis, de diviser également entr’eux la milice des Bourguignons qui, de même que les Francs n’étoient pas domiciliés en nombre égal dans des cités qu’ils n’avoient occupées qu’en des tems differens.

Nos trois princes, Childebert, Clotaire Premier, et Theodebert en userent encore de la même maniere, lorsqu’il fut question de partager entr’eux la portion des Gaules que les Ostrogots leur cederent vers cinq cens trente-six. On vient de voir plusieurs faits qui le prouvent, et entr’autres, que Childebert le jeune avoit dans son partage une portion de la ville de Marseille, l’une des villes délaissées aux Francs par les Ostrogots, tandis qu’une autre portion de cette ville étoit dans le partage du roi Gontran. C’est ce que nous exposerons plus au long quand il en sera tems.

Le partage de la monarchie françoise fait à la mort de Clotaire Premier, aura été, à ce que je crois, le dernier partage de ceux qui furent faits par des enfans du roi défunt, où l’on ait suivi le plan que nous avons expliqué. Dans les partages de cette nature qui se firent ensuite, la monarchie fut divisée en