Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/289

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crue dans les Gaules ; enfin elle étoit devenue si considerable, que Theodoric, qui en Occident tenoit alors le premier rang dans la societé des nations, avoit donné une de ses nieces à Hermanfroy l’un des rois des Turingiens, et frere des deux autres, qui se nommoient l’un Badéric, et l’autre Berthier. La lettre de Theodoric à ces rois, que nous avons rapportée, et la connoissance que nous avons des interêts des princes qui regnoient au commencement du sixiéme siecle, suffisent pour persuader que les Turingiens devoient avoir beaucoup de jalousie de la puissance des Francs, et que les Francs de leur côté devoient regarder les Turingiens comme le premier obstacle qu’ils trouveroient dès qu’ils feroient une démarche pour s’aggrandir davantage. Il n’est donc pas étonnant que les fils de Clovis ayent fait leur premiere expedition contre une puissance qui ne pouvoit pas manquer d’être bientôt un ennemi déclaré. Voici, suivant Gregoire de Tours, ce qui arriva vers l’année cinq cens seize entre les Turingiens et Thierri, qui avoit dans son partage les Etats de Sigebert roi de Cologne, dont une partie étoit au-delà du Rhin.

» Le Royaume des Turingiens avoir d’abord été partagé entre trois freres, Badéric, Hermanfroy & Berthier. Mais quelque tems après Hermanfroy se défit de Berthier, qui laissa des fils & une fille nommée Radegonde. Nous raconterons dans la suite les avantures de ces Orphelins. Amalberge niece de Theodoric Roi des Ostrogots, & femme d’Hermanfroy, étoit injuste & cruelle. Après avoir engagé son mari à se défaire de Berthier, elle vint encore à bout de le porter à faire le même traitement à Badéric. Un jour elle ne fit couvrir que la moitié de la table d’Hermanfroy, & lorsqu’il demanda la raison de cette bizarerie, elle lui répondit que la table d’un