Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/302

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au thrône, écrivit à l’empereur Anastase, qui survêcut de deux ans le roi Gondebaud. Rien n’est plus propre à faire voir que les rois barbares, qui regnoient dans les Gaules, reconnoissoient que les provinces qu’ils avoient occupées, ne laissoient pas d’être toujours une portion du territoire de la monarchie Romaine. Voici donc ce que dit Sigismond dans une des lettres dont nous parlons, et que les lecteurs sçavent déja avoir été composées sous le nom de ce prince, par Avitus évêque de Vienne.

» Il est à la connoissance de tout le monde, que Votre Hautesse qui connoît les sentimens de ses serviteurs ne leur impute point les contre-tems dont ils ne sont pas la cause. Dans cette confiance qui fait notre consolation, nous nous presentons bien qu’éloignés, aux pieds du thrône de notre très-glorieux Prince ; & quoique le respect pour sa personne soit dans la Maison dont nous sortons, un sentiment héréditaire, qu’elle a toujours tâché de vous témoigner par un sincere attachement, nous confessons neanmoins de nouveau, que nous sommes vos redevables, tant pour les bienfaits qu’elle a reçus de vous, que pour ceux que nous-mêmes nous en avons reçûs en notre particulier. Ma Nation fait une partie du Peuple qui vous reconnoît pour son Souverain, & je me tiens plus honoré de servir sous vos ordres, de regner sur elle. C’est un sentiment que j’ai hérité de mes ancêtres, qui ont toujours eu un cœur véritablement Romain, & qui toujours ont été attachés si sincerement à vous & à vos predecesseurs, qu’ils ont crû que l’illustration pro-