Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/318

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fils avoit sept ans, lorsque l’un et l’autre ils furent égorgés en un même jour. Or Gontier ne sçauroit être né plutard qu’en l’année cinq cens vingt-trois. En voici la preuve. Il faut que Gontier fût né du moins un an avant la mort de Clodomire son pere, puisque ce Gontier avoit un frere cadet, sçavoir Clodoaldus, né certainement du vivant de Clodomire son pere. Gregoire de Tours[1] le dit positivement dans le passage que nous avons cité. Ainsi Clodomire ayant été tué en cinq cens vingt-quatre, il s’ensuit que Gontier fut né au plutard en cinq cens vingt-trois. Donc Gontier ayant été tué à l’âge de sept ans, il faut qu’il ait été tué tout au plûtard en cinq cens trente.

Il est vrai qu’à s’en rapporter à l’ordre dans lequel Gregoire de Tours raconte les évenemens qu’il écrit, l’évenement dont nous recherchons la date, ne seroit arrivé qu’après cinq cens trente-trois. Notre historien avant que de le narrer, parle de l’installation d’un évêque de Tours élû seulement cette année-là. Mais on sçait bien que l’historien ecclésiastique des Francs n’a pas toujours suivi l’ordre des tems. C’est sur quoi nos meilleurs historiens modernes n’ont point fait assez de réflexion, lorsqu’ils placent en cinq cens trente-trois l’évenement tragique dont il est ici question. Mais Dom Thierri Ruinart[2] n’a point fait la même faute qu’eux. Il s’est même si peu assujetti dans la question dont il s’agit ici, à suivre la chronologie que Gregoire de Tours semble supposer, que notre sçavant Benedictin place dans ses annales des Francs le meurtre des enfans de Clodomire sur l’année cinq cens vingt-six. J’adopte ce sentiment d’autant plus volontiers, qu’il doit y avoir eu très-peu d’intervalle entre la mort de Clodomire et celle de ses fils, puisqu’Agathias a crû, comme nous venons de le voir, que ce prince étoit mort sans enfans. D’ailleurs on prouve bien par l’histoire de Gregoire de Tours, que ce meurtre ne sçauroit avoir été commis plûtard que l’année cinq cens trente, mais il n’y a rien dans cet auteur qui empêche de croire, qu’il l’ait été trois ou quatre ans plûtôt.

Suivant l’apparence, le meurtre des enfans de Clodomire fut commis, lorsque la reine Clotilde, qui certainement se trouva pour lors à Paris, étoit encore dans cette ville, où la mort de Clodomire l’avoit engagée à venir, et à y faire quelque séjour. Le projet de ce meurtre aura été formé peu de tems après la mort de Clodomire tué en cinq cens vingt-quatre, et il aura été l’une des causes qui auront porté Childebert et Clotaire

  1. Lib. Hist. 3. cap. 6.
  2. Val. de Reb. Fran. Tom. 1. pag. 388. Daniel. Tom. pr. pag. 176. Ed. de 1722. Ed de 1696. pag. 364.