Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/319

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à faire avec le nouveau roi des Bourguignons une paix si avantageuse pour lui. Rapportons enfin ce que dit Gregoire de Tours sur ce tragique évenement que tous les bons François souhaiteroient de ne point lire dans notre histoire, à laquelle il ne fait pas plus d’honneur que le massacre de la saint Barthelemi. J’aimerois mieux qu’il y eût dix victoires de moins dans nos Fastes, et que ces deux évenemens là ne s’y trouvassent point.

» Durant que la Reine Clotilde faisoit son séjour à Paris, Childebert observa qu’elle avoit une grande prédilection pour les fils de Clodomire. Il craignit donc que la tendresse qu’elle sentoit pour eux, ne l’induisît à les mettre incessamment en pleine possession des Etats compris dans le Partage de leur pere. Prévenu de cette appréhension, Childebert envoya des personnes affidées à Clotaire son frere, pour lui représenter que certainement leur mere feroit regner les enfans de leur frere qu’elle élevoit auprès d’elle, & pour l’engager à se rendre incessamment à Paris, afin qu’ils y pussent déliberer ensemble sur leurs interêts communs ; c’est-à-dire, pour résoudre s’il ne leur convenoit pas de réduire leurs neveux à la condition de Sujets, en leur coupant les cheveux, ou s’il ne leur conviendroit pas encore mieux, dans le dessein où ils étoient, de partager également entr’eux le Royaume de leur frere, de se défaire par le fer de ses enfans. La proposition de Childebert fut bien reçûë de Clotaire, qui le rendit à Paris. Quelques jours après les deux freres firent courir le bruit que le sujet de leur entrevûë étoit le dessein de faire proclamer Rois les trois Princes leurs neveux ; & même ils envoyerent les demander à Clotilde, pour les faire élever sur le Pavois. La Reine qui ne sçavoit rien de la mauvaise intention de Childebert & de Clotaire, fit venir dans son appartement les fils de Clodomire, & après avoir eu l’attention de les faire manger, elle leur dit en les embrassant : Si je puis vous voir assis sur le trône de votre pere, j’oublierai que j’ai perdu ce cher fils. Aussi-tôt elle les envoya aux Rois leurs oncles. Les