Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/325

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qu’à lui dire : Si vous ne voulez point être de l’expédition à laquelle vos freres se disposené, nous vous abandonnerons pour nous donner à ces Princes. Thierri qui regardoit les Auvergnats comme de mauvais Sujets, depuis ce qu’ils avoient fait durant la derniere campagne en Turinge, dit aux Francs domiciliés dans son Partage : Suivez-moi, & je vous menerai dans un Pays où il ne tiendra qu’à vous de faire un riche butin en bestiaux, en esclaves, en autres bons effets, & en argent comptant. Je ne vous demande qu’une chose, c’est d’attendre tranquillement dans vos foyers, que mes freres soient entrés en campagne. Les Francs Sujets de Thierri furent gagnés par ses promesses, & ils s’engagerent à ne faire que sa volonté, d’autant plus aisément qu’il les assuroit encore qu’il leur seroit permis d’emmener chez eux les esclaves qu’ils feroient, & d’y conduire aussi le bétail ; en un mot d’y transporter tout le butin qu’ils pourroient ramasser. Voilà donc Childebert & Clotaire qui se mettent en campagne & qui entrent en Bourgogne. Ils y firent le siege d’Autun, & enfin après avoir réduit Godemar à se sauver, ils se rendirent maîtres de tout son Royaume. » On voit bien que c’est par anticipation que Gregoire de Tours dit ici, que Childebert et Clotaire soumirent enfin toute la Bourgogne. Il est certain par la chronique de l’évêque d’Avanches, que les Bourguignons ne furent soumis que long-tems après le commencement de la guerre, et même qu’ils ne furent subjugués qu’après la mort de Thierri arrivée vers cinq cens trente-quatre : c’est ce qu’on va voir bien-tôt. Mais Gregoire de Tours s’est hâté de rapporter la conclusion de la guerre, afin de n’avoir plus à en parler et de pouvoir raconter ensuite sans interruption tout ce qu’il avoit à dire concernant ce que fit le roi Thierri tandis qu’elle duroit encore. En effet, notre historien ne parle plus de la conquête de la Bourgogne dans le reste de ses annales. Tite-Live, j’en tombe d’accord, en auroit usé autrement ; mais on connoît la capacité de Gregoire de Tours, qui, dans cette occasion comme dans bien d’autres, a fait du principal l’accessoire, et de l’accessoire le principal, parce que cet accessoire regardoit l’Auvergne sa patrie. Néanmoins avant que de rapporter ce que nous sçavons par d’autres auteurs touchant la conquête de la Bourgogne, voyons ce que fit Thierri en Auvergne et ailleurs, pendant la premiere campagne de la seconde guerre, que ses deux freres firent contre les Bourguignons. Les faits que nous allons déduire à cette occasion, paroîtront en