Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/326

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quelque sorte étrangers à l’histoire de la conquête de la Bourgogne, dont il s’agit dans ce chapitre ; mais d’un autre côté, ils sont très-propres à donner l’idée de la maniere dont les rois Francs se conduisoient les uns à l’égard des autres, et principalement à faire voir combien il est faux que les Romains des Gaules fussent alors désarmés et réduits à une condition approchante de l’esclavage.

Gregoire de Tours, immédiatement après le passage que nous venons de transcrire, ajoute ce qui suit : » Thierri tint parole aux Francs ses sujets, & s’étant mis à leur tête, il les conduisit dans l’Auvergne, qu’ils saccagerent comme ils auroient pû faire un Pays ennemi. Arcadius qui étoit la premiere cause du malheur, parce que deux ans auparavant il avoit appellé Childebert dans cette contrée, se sauva à Bourges, qui pour lors étoit du Partage de ce Prince. Placidina mere d’Arcadius, & Alcima tante de ce Sénateur, furent arrêtées à Cahors, & condamnées à l’exil, comme à la confiscation de leurs biens. Cependant Thierri s’approcha de Clermont, dont Quintianus ou Saint Quintien étoit pour lors Evêque, & il vint se loger dans un Village voisin des Fauxbourgs. Durant ce campement ses troupes coururent tout le pays, où elles firent des maux infinis. Quand les Francs sujets de Thierri furent assez gorgés de butin, il sortit de l’Auvergne, emmenant avec lui les Citoyens les plus capables de remuer. Il y laissa pour Commandant un de ses de ses parens nommé Sigivaldus qui continua de maltraiter ce pauvre Pays. » Les pillards trouverent neanmoins de la résistance en attaquant quelques lieux de défense, qui étoient gardés par les Auvergnats mêmes ; ce qui fait voir que Thierri les laissoit assez sur leur bonne foi, et par conséquent, qu’il ne leur avoit pas fait un traitement qui dût leur donner envie de changer de maître.

Ce fut, autant que je puis juger, dans ce tems-là que