Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gne, se jetta dans Vitri[1]. Il y fut investi et attaqué, mais le siege tiroit en longueur : Arégisilus un des ministres de Thierri trouva moyen de l’abréger, conformément aux instructions de son maître. Il entra dans la place sur parole, et il representa si bien à Munderic que du moins les troupes de Thierri affameroient Vitri avant peu, qu’il persuada au rebelle de capituler. L’accord se fit. L’on y stipula une amnistie en faveur de Munderic, et Arégisilus en jura l’observation en mettant la main sur l’autel. Néanmoins Munderic n’eut pas plutôt mis le pied hors de la ville, que les assiégeans se jetterent sur lui ; il fut mis en pieces après avoir fait toute la résistance que peut faire un brave homme en une telle conjoncture. Tous ses effets furent ensuite confisqués. Cette révolte et les mouvemens que les Visigots faisoient en faveur des Bourguignons qui se défendoient encore, auront engagé Childebert et Clotaire à se racommoder avec Thierri : les deux premiers étoient unis alors si étroitement, qu’on peut bien croire qu’ils firent de concert toutes les démarches que Gregoire de Tours fait faire à l’un des deux. Thierri de son côté avoit un égal interêt à se reunir avec eux, quelques démêles qu’ils eussent ensemble. Aussi les trois freres se liguerent-ils dès la seconde campagne de la guerre nouvellement entreprise contre les Bourguignons. Du moins cette alliance étoit-elle déja formée lorsque Thierri qui ne vit point la fin de la guerre, mourut les derniers jours de l’année cinq cens trente-trois, ou bien au commencement de l’année suivante. Ainsi Thierri après avoir refusé en cinq cens trente-deux, comme on vient de le dire, de se liguer avec ses deux freres, aura probablement recherché leur alliance lui-même, dès qu’il aura vû qu’ils avoient la fortune favorable. Rien n’est plus ordinaire que de voir des souverains tenir une pareille conduite.

Je vais rapporter tout au long le chapitre de Gregoire de Tours, où il est fait mention de cette alliance de Thierri avec les rois ses freres, et qui dans cet auteur suit immédiatement le chapitre où il raconte l’histoire de Munderic. Il est vrai que le chapitre que je vais transcrire est un peu long, et qu’il est employé presque tout entier à narrer les avantures d’un Romain qui avoit été donné pour otage de l’exécution du traité dont il s’agit ; mais comme d’un autre côté ce chapitre est très-propre à donner une idée de la condition des Romains des Gaules sous nos premiers rois, j’ai crû que les lecteurs le trou-

  1. Vales. Nor. Gall. p. 601.