Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/329

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veroient ici avec plaisir. Au reste je dois observer d’avance que les avantures de notre ôtage, c’est-à-dire sa captivité et son évasion, sont des évenemens qui ne doivent être arrivés que long-tems après le traité d’alliance dont nous venons de parler. Cet ôtage aura été déclaré esclave quelque tems après l’année cinq cens trente-quatre, et à l’occasion des brouilleries qui, après la mort de Thierri, survinrent, comme nous le dirons dans la suite, entre Theodebert son fils et son successeur, et les deux oncles de Theodebert.

» Vers ce tems-là Thierri & Childebert firent un Traité par lequel ils se promettoienr de ne rien entreprendre au préjudice l’un de l’autre ; & pour sureté de l’exécution de leur engagement, ils s’entredonnerent des ôtages, du nombre desquels furent plusieurs enfans de Sénateurs. Une brouillerie qui survint à quelque tems, de-là entre les Rois Francs, fut cause que part & d’autre on déclara les personnes de ces otages confisquées au profit de l’Etat. Ceux des nouveaux serfs qui ne trouverent pas moyen de se sauver, furent donnés en garde à differens particuliers qui les employerent aux travaux ordinaires des Esclaves. Attalus neveu de Gregorius Evêque de Langres, étoit un de nos ôtages, & sa garde fut confiée à un Franc établi dans la Cité de Tréves qui étoit du Partage de Thierri. Ce Barbare traita notre Romain comme un serf appartenant à l’Etat, & il lui donna pour sa tâche, l’emploi d’avoir soin d’un Haras. L’Evêque de Langres mit en campagne plusieurs de ses Esclaves pour avoir des nouvelles de son neveu ; & quand il eut appris par leur moyen où ce neveu étoit détenu, il les envoya traiter de la rançon d’Attalus avec le Franc qui l’avoit dans sa maison ; le Barbare refusa toutes les offres qui lui furent faites. Ce jeune homme, dit-il, est de de bonne famille, qu’il ne racheteroit pas trop chérement sa liberté, en donnant son pesant d’or. Dès qu’ils furent de retour à Langres, & qu’on y sçut qu’ils avoient fait un voyage infructueux, un autre Esclave nommé Leon qui servoit dans la cuisine de l’Evêque, demanda