Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/33

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garder étroitement jusqu’à ce qu’il se fût rendu maître des Etats du prisonnier, qu’il fit ensuite décapiter aussi secretement qu’il fut possible. La précaution même que prit Clovis de faire faire cette exécution en secret, est une nouvelle preuve des ménagemens qu’il avoit pour les Romains, et qu’alors il n’étoit rien moins que l’ennemi déclaré de leur nation.

Mais, dira-t’on, si Clovis ne conquit rien alors que le royaume de Syagrius, qui du côté du midi ne s’étendoit que jusqu’à la cité de Langres tenuë par les Bourguignons ; pourquoi Alaric eut-il tant de peur des armes de ce prince. Il y avoit encore bien loin des frontieres des Etats de Clovis, à celles des Etats du roi Visigot. Elles étoient séparées par les contrées qu’occupoient les Bourguignons, ou par celles des cités de la Gaule où les Romains étoient encore les maîtres. C’est qu’apparemment Clovis étoit allié pour lors de Gondebaud, qui peut-être faisoit actuellement cette guerre, dans le cours de laquelle il enleva la province de Marseille aux Visigots, et que ce roi des Francs avoit comme maître de la milice, une grande autorité dans les provinces obéissantes de la Gaule, et beaucoup de crédit dans les provinces conféderées.


LIVRE 4 CHAPITRE 2

CHAPITRE II.

Clovis tue de sa main un Franc, qui vouloit l’empêcher de rendre un vase d’argent réclamé par Saint Remy. Ce qu’on pût dire dans les Gaules concernant l’expédition de Clovis. Des Monnoyes d’or frappées par les ordres de ce Prince. Il fait la conquête de la Cité de Tongres.


Avant que de continuer l’Histoire des conquêtes de Clovis, voyons comment Grégoire de Tours raconte l’avanture celébre du Franc, qui avoit pris un vase d’argent dans une église, durant la marche que ce prince avoit faite le long du plat pays du district de Reims. Notre historien ne dit point, il est vrai, que ce vase eût été pris dans une église du diocèse de Reims, ni qu’il eût été pris avant la bataille de Soissons ; mais Hincmar dit positivement dans la vie de saint Remy, que ç’avoit été dans ce diocèse que le vase en question avoit été volé,