Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/34

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et l’Abréviateur dit à ce sujet la même chose qu’Hincmar. Quant au tems où cet incident arriva, il paroît en lisant avec attention le texte de Grégoire de Tours, que ce fut avant la bataille de Soissons. Premierement, Clovis dit à ceux qui étoient chargés de le réclamer : Suivez-moi jusques à Soissons. En second lieu, Grégoire De Tours porte à le croire. Après avoir raconté le principal évenement, il revient sur ses pas suivant l’usage, pour parler de quelques incidens dont le récit auroit interrompu sa narration, et il dit : Durant le cours de cette guerre il se commit plusieurs désordres.

Saint Remy, qui, comme on l’a vû, étoit depuis long-tems en relation avec Clovis, lui envoya des députés pour le supplier de faire rendre le vase dont il s’agit. Il étoit d’un grand poids, et d’une grande beauté. Le roi des Francs après avoir entendu la commission de ces députés, leur dit de le suivre jusqu’à Soissons, où l’on feroit une masse de tout le butin qui seroit gagné, afin de le partager ensuite, et que là il se feroit donner le vase qu’ils réclamoient pour le leur rendre. Quand l’armée fut à Soissons, et quand on eut mis ensemble tout le butin, le roi dit à ses Francs, en leur montrant le vase dont il s’agissoit : braves soldats, trouvez bon qu’avant que de rien partager, je retire ce buire d’argent de la masse, afin d’en disposer à mon plaisir. Tous les gens sages répondirent à ce discours. » Grand Prince, vous êtes le maître de tout ce qui se voit ici, & même de nous ? Ne sommes-nous pas vos sujets ? Usez-en donc à votre bon plaisir, car personne n’est en droit de s’opposer à vos volontés : Cependant un Franc envieux, fantasque & d’humeur malfaisante, donna un grand coup de sa hache d’armes sur ce vase, en criant : Prince, vous n’avez rien à prétendre ici que ce qui vous échoira par le sort. L’assistance fut très-surprise, & le