Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/358

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n’est étranger dans un ouvrage de la nature de celui que je compose : voici cette lettre Le Roi Vitigès à tous les Ostrogots, Salut. Nous vous donnons, part après en avoir rendu grace à Jesus-Christ Auteur de tout bien, que l’armée des Ostrogots campée en front de Bandiere, nous a élevé suivant la coutume de nos ancêtres sur un Pavois, & que par l’effet de la Providence, elle nous a proclamé Roi, nous regardant comme une personne capable de faire la guerre avec succès, parce que nous y avons acquis déja quelque sorte de réputation. Ce n’a donc point été dans une chambre, mais en rase campagne que nous avons été fait Roi. » Voilà une censure de la maniere dont Theodat avoit été élevé.

Vitigès aussi-tôt qu’il eut été élû, tâcha de faire la paix avec Justinien, mais les démarches qu’il hasarda dans ce dessein ayant été infructueuses, et ce prince voyant bien d’ailleurs qu’il lui étoit impossible de faire tête en même tems aux Romains et aux Francs, il prit le parti de rechercher les derniers et de leur offrir de nouveau ce que Théodat leur avoit offert déja. Les Francs écouterent cette fois-là, les propositions de Vitigès au préjudice de leur traité avec Justinien. La promptitude des progrès de Bélisaire avoit ouvert les yeux aux successeurs de Clovis. Elle avoit fait comprendre à ces princes qu’ils étoient perdus, si loin de mettre des obstacles à la rapidité du torrent, ils continuoient à en hâter le cours. Voyons ce que Procope écrit concernant le traité que les Ostrogots et les Francs firent en cette conjoncture. » Dans le tems que Vitigès fut élû, il y avoit dans la partie des Gaules qui étoit sous la domination des Ostrogots, un corps de troupes considérable, composé des meilleurs Soldats de cette Nation & commandé par Martias, qui avoit charge de veiller à la conservation de ce Pays-là & de le défendre contre les Francs. Qu’arriva-t’il ? Bélisaire étant entré dans Rome, à la fin de la premiere année de la guerre, Vitigès résolut au commencement de l’année suivante, de marcher à Rome avec les plus grandes forces qu’il lui seroit possible de rassembler, pour reprendre au plûtôt une Ville dont la perte décréditoit