Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/363

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Alpes, et l’autre fut transplantée en Italie. Or, nous voyons qu’à la fin du sixiéme siécle, le gros de la nation des Allemands étoit aussi-bien que le pays situé entre les Alpes et le Danube, sous la domination de nos rois, sans que nous apprenions en quel tems ils y étoient passés. Ainsi je conclus que ce fut en vertu de la cession faite aux Francs par les Ostrogots, en cinq cens trente-sept, que les Allemands et le pays désigné ci-dessus, devinrent sujets à notre monarchie. Cette conjecture se change en certitude, lorsqu’on lit dans Agathias que Théodebert, peu de tems aprés avoir succedé à son pere, assujettit les Allemands et quelques nations voisines. En effet, suivant nous, Theodebert se sera mis en possession des contrées dont il s’agit vers la fin de l’année cinq cens trente-sept, et quand il n’y avoit qu’environ trois ans qu’il avoit succédé au roi Thierri. D’un autre côté Theodebert aura trouvé quelque résistance de la part des Allemands, qui peut-être n’étoient pas contens d’avoir été cédés sans leur participation ; et cette resistance aura fait dire à l’historien grec, que Theodebert avoit soumis par force les Allemands.

Quant à la cession de tous les droits que les Ostrogots prétendoient avoir sur les Gaules, et que suivit la remise actuelle qu’ils firent de la province qu’ils y tenoient encore, elle sera suffisamment prouvée par le texte de Procope, et par tout ce que nous dirons bientôt concernant la confirmation que Justinien fit de cette cession. Je vais reprendre le fil de l’histoire.

Le corps de troupes commandé par Martias, joignit Vitigès, après avoir évacué la province des Gaules délaissée aux Francs par les Ostrogots, et mit le roi de ces derniers en état d’assieger durant la campagne de cinq cens trente-sept, la ville de Rome, que l’armée de Justinien avoit prise l’année précédente ; mais ce roi fut obligé de lever son siege à la fin du mois de mars de l’année cinq cens trente-huit, et quand ce siege avoit déja duré douze mois et neuf jours. Une si grande disgrace ne fut point la seule que les Ostrogots essuyerent cette campagne-là. Les Romains d’Orient surprirent Milan ; et par-là ils porterent la guerre dans celles des provinces de l’ennemi, qui pouvoient, si elles fussent demeurées tranquilles, l’aider à la soutenir. Les Ostro-