Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/364

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gots comprirent donc d’abord la nécessité de reprendre Milan, et ils demanderent à nos rois le secours qu’ils étoient obligés de leur donner. Voyons ce que dit Procope à ce sujet.

» Vitigès étant informé de ce qui venoit d’arriver, fit incontinent filer du côté de Milan beaucoup de troupes, dont il donna le commandement à un de ses neveux nommé Vraïa. Le Roi des Ostrogots demanda en même tems du secours à Théodebert, qui pour lors étoit comme le Chef de la Nation des Francs. Théodebert envoya bien un corps de dix mille hommes joindre l’armée des Ostrogots, mais ce corps n’étoit point composé de Francs naturels, parce que Théodebert craignoit, s’il faisoit passer des Soldats de la Nation au secours de Vitigès, qu’on ne lui reprochất d’avoir enfreint le traité qu’il avoit conclu avec Justinien, & qui subsistoit encore. Le corps de troupes que le Roi des Francs envoya aux Ostrogots ne fut donc composé que de Bourguignons, qui devoient dès qu’ils seroient arrivés en Italie, y publier que ce n’étoit point par ordre de Théodebert, dont ils ne se soucioient gueres, qu’ils venoient faire la guerre contre les Romains d’Orient, mais que c’étoit de leur plein gré & de leur propre inclination qu’ils avoient pris ce parti-là. »

L’armée des Ostrogots accruë par ce secours, reprit Milan dans la même année. » En cinq cens trente-huit, dit l’Evêque d’Avanches, les Ostrogots & les Bourguignons emporterent d’assaut la Ville de Milan, où ils passerent au fil de l’épée les Habitans, sans épargner même les Sénateurs & les Prêtres. »

La conduite que les rois des Francs tinrent en cette occasion, étoit du moins conforme aux regles de la politique ordinaire des souverains. Si nos princes eussent envoyé des Francs au secours de Vitigès, ils auroient eux-mêmes, comme on l’a déja dit, trahi leur secret. D’un autre côté, s’ils y eussent envoyé des Romains du nombre de leurs sujets, ç’auroit été envoyer des soldats à Bélisaire. Au contraire, en faisant passer des Bourguignons au