Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/386

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où le chevalier Temple nous a tracé le plan de la constitution de la république des Provinces-Unies du Pays-Bas, et que ceux dont les auteurs ont voulu nous donner le plan de la constitution presente de l’empire d’Allemagne.

Il faut donc pour avoir une idée de la premiere conformation de notre monarchie faire exprès un travail particulier. Il faut après avoir ramassé ce qu’on trouve dans les auteurs contemporains de ses premiers fondateurs concernant la forme de la constitution du royaume des Francs, l’éclaircir autant qu’il est possible, par ce qu’on trouve sur le même sujet dans les monumens litteraires des tems postérieurs, et arranger ensuite tous ces matériaux, en les disposant suivant l’ordre dans lequel les écrivains modernes qui donnent l’état present d’une monarchie ou d’une république, ont coutume de ranger les leurs : il y a peu de lecteurs assez affectionnés à notre histoire pour vouloir en achetter l’intelligence par un semblable travail. Ainsi un ouvrage qui en dispense, je veux dire un plan de la premiere constitution de la monarchie Françoise levé méthodiquement et régulierement tracé, est aussi nécessaire à la tête de ses annales, que le peut être une carte geographique à la tête de la relation d’un voyage fait dans des pays nouvellement découverts : n’est-il pas vrai qu’on lit sans fruit et même sans beaucoup de plaisir, les annales d’un Etat quand on ne connoît point la forme de son gouvernement ? Comment juger alors du merveilleux et de l’importance des évenemens ? Comment rendre justice à ceux qui en ont été les mobiles ? Et d’un autre côté, comment ne s’ennuyer pas bientôt dans une lecture qui laisse l’esprit dans l’inaction, et qui n’exerce pas le jugement ? D’ailleurs, comme nous l’avons déja dit dans notre préface, l’intelligence du droit public en usage sous nos rois de la troisiéme race, dépend en grande partie de la connoissance de la premiere constitution de la monarchie Françoise. Tâchons donc de bien développer la forme compliquée de cette premiere constitution.

Il paroît, en lisant les auteurs du cinquiéme et du sixiéme siecle, que generalement parlant, la division des Gaules en dix-sept provinces, laquelle sous les derniers empereurs Romains, avoit lieu dans l’ordre politique et dans l’ordre ecclesiastique, cessa dès la fin du regne de Clovis d’avoir lieu dans l’ordre politique, quoiqu’elle continuât d’avoir toujours lieu dans l’ordre ecclesiastique. Chacun des évêques des dix-sept capitales