Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/387

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de ces provinces, ou pour parler le langage des siecles suivans, chacun des dix-sept archevêques, conserva bien le pouvoir qui lui appartenoit sur tous les évêchés qui avoient été suffragans de sa métropole, aux tems où les empereurs regnoient encore sur les Gaules, mais les dix-sept provinces cesserent de composer chacune une espece de corps politique distinct, gouverné par des officiers particuliers, et renfermé dans des bornes certaines. Cette confusion des anciennes provinces fut apparemment l’effet du partage des enfans de Clovis, dans lequel, comme je l’ai dit, la même province des Gaules fut divisée entre plusieurs rois. D’ailleurs les nouveaux rois établirent leur trône particulier et leurs conseils, non point dans des villes métropoles, mais dans de simples capitales de cités. Thierri établit à Metz le siege de sa domination, c’est-à-dire, le siege de son sénat ou de son conseil. Clodomire établit son trône à Orleans, Childebert à Paris, et Clotaire à Soissons. Une ville qui est devenue la capitale d’un royaume et le séjour du conseil du souverain, a bientôt acquis par le séjour du prince et de son sénat, une espece de supériorité et d’empire sur les autres villes de cet Etat. Il sera donc arrivé que toutes les cités qui appartenoient au même roi, auront, de quelque province qu’elles fussent, et quelque rang qu’elles tinssent auparavant, regardé la ville, où leur souverain faisoit son séjour ordinaire, comme leur véritable capitale, et l’ordre ancien aura du moins à cet égard, été pleinement perverti. Non-seulement Orleans et Paris n’auront plus regardé Sens comme leur capitale dans l’ordre civil, mais elles-mêmes, elles auront été regardées comme villes capitales et dominantes en quelque sorte, l’une par les sujets de Clodomire, et l’autre par tous les Francs en general et par les sujets de Childebert en particulier. Metz aura cessé d’avoir recours à Tréves comme à sa métropole dans l’ordre politique, et Soissons d’avoir recours à Reims comme à la sienne. Au contraire, Metz sera devenu la capitale du partage de Thierri, et Soissons la capitale du partage de Clotaire. Il semble neanmoins que les deux Aquitaines ayent conservé long-tems leur forme de province. Nous parlerons un jour des nouvelles divisions des Gaules, qui s’introduisirent dans la suite, et qui dans l’ordre civil furent substituées à la division en usage sous les derniers empereurs.

Quant à la subdivision des Gaules, suivant laquelle les Gaules étoient partagées en plusieurs citées, elle continua d’avoir