Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/391

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cune composition, & il sera mis à mort, de quelque Nation que fut celui qu’il aura tué. »

Comme chacune des nations qui habitoient dans les Gaules durant le sixiéme siecle et les siecles suivans, formoit une societé politique complette, on voit bien qu’il falloit que suivant les usages de ces tems-là, chaque nation fut divisée en hommes libres et en esclaves. Ainsi lorsqu’un homme libre devenoit esclave, ce qui arrivoit pour lors assez souvent, il devenoit esclave de la nation dont étoit sa partie, ou son créancier, ou celui qui l’avoit fait prisonnier de guerre. D’un autre côté, suivant le droit commun, l’esclave affranchi étoit réputé être de la nation dont étoit le maître qui lui avoit donné la liberté. Toutes les nations avoient adopté la loi du Digeste, qui ordonnoit que la posterité des affranchis seroit réputée être originaire du même lieu, et descendre de la même tribu dont étoit le maître qui les avoit affranchis.

Si les loix Romaines vouloient que les esclaves, qui avoient été mis en liberté avec de certaines formalités, fussent citoyens Romains, les barbares regardoient aussi comme un citoyen de leur nation, l’esclave qu’un citoyen de leur nation avoit affranchi de même. Nous avons encore un rescript de Theodoric roi d’Italie, par lequel ce prince enjoint à un de ses officiers, qui vouloit soumettre deux esclaves affranchis par des Ostrogots, à des corvées que les citoyens de cette nation ne devoient pas, de ne les point exiger de nos affranchis, parce qu’ils devoient être regardés comme étant en possession de l’état d’Ostrogot.

L’exception que la loi des Ripuaires apporte à cet usage général, suffiroit seule pour montrer qu’il étoit en vigueur dans le tems qu’elle fut rédigée. Elle permet au citoyen Ripuaire d’affranchir son esclave, de maniere qu’il devienne simplement citoyen Romain, ou de maniere qu’il devienne un citoyen de la nation des Ripuaires. Le titre de cette loi porte : » Si quelqu’un a affranchi son esclave par un billet, où il a déclaré que les portes lui étoient ouvertes, & s’il en a fait ainsi un Citoyen Romain, & que cet affranchi vienne à mourir sans enfans, notre domaine héritera de lui. Si un tel affranchi