Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/397

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fois, que le gouvernement de cette monarchie avoit été sous les rois Carlovingiens, le même à peu-près qu’il avoit été sous les rois Mérovingiens. Notre prélat écrit donc à son prince : » Un des principaux soins du Comte du Palais, étoit, que tous les procès mûs ailleurs, & qui étoient portés devant le Roi, soit par voye d’appel ou autrement, y fussent terminés de maniere, que Dieu & le monde approuvassent le Jugement. S’il arrivoit que le cas fût tel, qu’il ne se trouvât rien de statué à son sujet dans les Loix Mondaines, ou bien que le cas dont il s’agissoit y fût décidé trop rigoureusement, parce que le Code qu’on devoit suivre, avoit été redigé quand la Nation à laquelle il servoit de Loi, étoit encore Payenne, & ne connoissoit point l’esprit de douceur que respire le Christianisme, pour lors le Procès s’examinoit en presence du Roi, afin que ce Prince en ordonnât par l’avis de ceux de ses Conseillers qui (sçachant la Loy Mondaine & la Loy de l’Evangile ; » avoient encore plus de respect pour la derniere que pour l’autre. Alors on metroit d’accord ces deux Loix s’il étoit possible, & s’il ne l’étoit pas, il falloit que la Loi du siècle, se tût devant la Loy de Dieu. »

On voudra bien observer, qu’Hincmar en disant au pluriel les loix Mondaines, enseigne évidemment que la loi Mondaine étoit non pas un seul code, mais un recueil de plusieurs. Ce passage ne me paroît point avoir besoin d’aucun autre commentaire. Enfin le lecteur peut voir dans les notes de Monsieur Baluze sur les Capitulaires[1], plusieurs autres passages qui font foi, qu’on opposoit la loi mondaine aux saints canons.

Cette division du peuple d’une monarchie en plusieurs nations distinctes ne paroît plus aussi extraordinaire qu’on la trouve d’abord, après qu’on a fait réflexion qu’encore aujourd’hui il y a même en Europe, plusieurs contrées où deux nations differentes habitent ensemble depuis plusieurs générations, sans être pour cela confondues. Les descendans des Anglois qui s’établirent en Irlande il y a déja plusieurs siécles n’y sont point encore confondus avec les anciens habitans de cette isle. Les

  1. Tom. 2. p. 1121.