Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toit, plus prochain hoir mâle doit succeder à la Couronne. Or, disoit-il, qu’il étoit mâle & étoit le plus prochain du Roi Charles ; car étoit son neveu, & ledit Philippe de Valois n’étoit que son cousin germain, & par conséquent qu’il devoit être prefere audit Philippe de Valois. Et si tant vouloit dire qu’il venoit par fille, ce disoit-il, qu’il ne servoit de rien ; car a la Loi Salique ne disoit point d’où doivent descendre les hoirs mâles, mais seulement dit, le plus prochain hoir mâle doit venir à succession. »

Comme la couronne n’étoit plus divisible en mil trois cens vingt-huit, qu’eut lieu la contestation entre Philippe De Valois et le roi Edouard, ce dernier appliquoit au seul plus proche parent mâle, la disposition faite dans les Loix Saliques, en faveur de tous les mâles qui se trouveroient parens au même degré du dernier possesseur.

Sur le simple exposé du droit des deux princes contendans, on se doutera bien qu’Edouard perdit sa cause, et qu’il fut jugé que les princesses de la maison de France ne pourroient pas transmettre à leurs fils le droit de succeder à la couronne, puisque la Loi Salique leur ôtoit ce droit-là, et qu’ainsi le roi d’Angleterre n’y avoit pas plus de droit qu’Isabelle De France sa mere. Mais plus la Loi Salique étoit opposée aux prétentions d’Edouard, plus il avoit interêt à nier qu’elle fût applicable aux questions de succession à la couronne, ce qu’il n’osa faire neanmoins.

D’autant que Monsieur Leibnitz, qui a fait imprimer dans son Code diplomatique du droit public des nations, l’ouvrage dont j’ai rapporté un passage, ne dit rien concernant l’autenticité de cet ouvrage ; on pourroit le croire supposé par un sçavant du dernier siecle, qui auroit mis sous le nom d’un contemporain de Louis XI un écrit qu’il auroit composé lui-même à plaisir. Ainsi pour lever tout scrupule, je dirai qu’il se trouve dans la bibliotheque du roi plusieurs copies manuscrites de l’ouvrage dont il s’agit ; et qu’il est marqué à la fin d’une de ces copies[1], qu’elle a été transcrite en mil quatre cens soixante et huit, et qu’elle appartient à Madame De Beaujeu fille du roi Louis XI. Cette apostille est aussi ancienne que le manuscrit. Ainsi l’on peut regarder l’ouvrage dont nous parlons comme ayant été composé dans un tems où la tradition conservoit la mémoire des raisons qu’Edouard et Philippe De Valois avoient alléguées pour soutenir leurs prétentions, et où l’on avoit en-

  1. Numero neuf mille six cens soixante & dix-huit.