Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/416

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core communément entre les mains des pieces concernant la contestation de ces deux princes, lesquelles nous n’avons plus, ou qui du moins ne nous sont pas connues.

Il y a plus. Nous avons encore la lettre qu’Edouard III écrivit au pape le seiziéme juillet mil trois cens trente-neuf pour informer Sa Sainteté du droit sur la couronne de France, et des raisons qu’il avoit aussi de faire la guerre à Philippe De Valois qui la lui retenoit. Cette lettre nous a été conservée par Robert de Aversbury, qui vivoit sous le regne de ce roi dont il a écrit l’histoire. Monsieur Hearn la fit imprimer à Oxford en mil sept cens vingt. Or Edouard dit dans cette lettre : qu’il sçait bien que les femmes sont excluses de la couronne par la loi du royaume de France, mais que la raison qui en a fait exclure les filles, ne doit point en faire exclure les mâles issus des filles : qu’on ne sçauroit reprocher à un pareil mâle qui se trouve être le parent le plus proche du roi dernier mort, l’exclusion de sa mere, ni alleguer qu’une fille de France ne sçauroit lui avoir transmis un droit qu’elle n’avoit pas, d’autant que le parent dont il s’agit ne tire point son droit de sa mere. Il le tire immédiatement du roi son grand-pere. Veritablement la Loi Salique n’est pas nommée dans ce passage, mais il est clair que c’est de cette loi qu’Edouard entend parler.

Je ne vois pas qu’on ait jamais révoqué en doute que l’article des Loix Saliques dont il s’agit ici, fut applicable à la couronne, avant les tems de la Ligue. On sçait qu’après la mort d’Henri III les plus factieux de ceux qui étoient entrés dans la sainte-union, vouloient de concert avec le roi d’Espagne Philippe II faire passer la couronne de France sur la tête de l’infante d’Espagne Isabelle Claire Eugenie, née de sa majesté catholique et d’Isabelle De France, fille aînée de Henri II. Roi très-chrétien, et par consequent sœur des trois derniers rois morts sans garçons. Il falloit pour préparer le peuple à voir tranquillement cette usurpation, le tromper, en lui donnant à entendre qu’il étoit faux que les filles de France fussent excluses de la couronne, par une loi écrite et aussi ancienne que la monar-