Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/423

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qu’il contient, doivent être observés également par les Romains & par les Barbares, entendant parler des anciens habitans de l’Italie sous le nom de Romain, & sous le nom de Barbare, des Ostrogots. » Dans les Gaules, les francs étoient aussi désignés par le nom de Barbares, et les Gaulois par celui de Romains. On lit dans l’histoire de Gregoire de Tours, que les religieux d’un couvent qu’une troupe de Francs vouloit saccager, lui parlerent en ces termes : « Abstenez-vous, barbares, de commettre aucune violence dans cette maison, elle appartient à saint Martin. » Fortunat évêque de Poitiers, pour donner à entendre que Vilithuta, une dame de la nation des Francs, étoit polie et bienfaisante, dit : » Elle étoit né dans la Ville de Paris, & issue de parens Barbares, mais elle avoit toutes les inclinations d’une Romaine. » Le même poëte écrit en louant un Lunébodès, qui dans Toulouse, avoit fait bâtir une église sur le lieu même où saint Saturnin premier évêque de cette ville avoit été détenu et gardé avant son martyre. » Jusques à nos jours, on n’avoit point encore bâti d’Eglise à l’endroit où ce grand Serviteur de Dieu avoit été mis aux fers. Ce qu’aucun Romain n’avoit fait, un Barbare l’a entrepris, & il l’a achevé, secondé dans son dessein par sa femme Berthrude, si célébre par la Noblesse de son origine & par la noblesse de ses inclinations. » Fortunat dit encore que les Barbares et les Romains louoient également leur roi Charibert, petit-fils de Clovis ; et dans l’éloge de Chilpéric frere de Charibert, on lit : « Chilpéric nom qu’un Traducteur Barbare rendroit par celui de défenseur courageux. » on voit bien qu’un Traducteur de la langue Barbare est mis dans le texte de Fortunat, pour dire un Interpréte franc.