Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/430

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mais condamnés à la servitude par jugement porté contre eux, à cause qu’ils s’étoient rendus coupables des délits, dont la peine étoit, que l’offenseur fut adjugé comme esclave à l’offensé, ou bien, parce qu’ils n’avoient pas pû payer de certaines dettes. D’autres enfin, étoient des hommes libres qui s’étoient dégradés volontairement, soit en se vendant eux-mêmes, soit en se donnant gratuitement à un maître, qui s’obligeoit de son côté à fournir à leur subsistance et à leur entretien. On a remarqué ailleurs, qu’au tems où les francs s’établirent dans les Gaules, le nombre des esclaves étoit beaucoup plus grand dans tous les pays et parmi toutes les nations, que le nombre des citoyens ou des personnes libres. Ainsi lorsqu’on trouve que sous nos premiers rois de la troisiéme race, les deux tiers des hommes qui habitoient la France, étoient esclaves, ou du moins de condition serve, il ne faut point imputer ce grand nombre de personnes serves qui s’y trouvoient alors, à la dureté des francs, ni supposer qu’ils eussent réduit les anciens habitans des Gaules dans une espece d’esclavage. Cela procédoit de la constitution générale de toutes les societés politiques, dans le tems où les francs s’établirent dans les Gaules.

Nous avons déja dit qu’il y avoit plusieurs manieres de donner la liberté aux serfs, et que suivant le droit commun, l’affranchi devenoit citoyen de la nation dont étoit le maître qui l’avoit fait sortir d’esclavage. Venons au traitement que les peuples germaniques faisoient à leurs serfs. " les germains, dit Tacite, ne tiennent pas dans leurs maisons, ainsi que nous, leurs esclaves,… etc. " [...] lorsque les peuples germaniques furent une fois établis dans les Gaules, ils n’auront pas manqué d’y prendre l’usage de tenir