Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/434

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de la bataille donnée à Bouvines par Philippe Auguste, que trois cens cavaliers armés de lances, et qui étoient serfs de l’abbaye de saint Médard de Soissons y enfoncerent un gros de noblesse Flamande, qui par mépris pour leur condition, n’avoit pas daigné s’ébranler, ni faire prendre carriere à ses chevaux, afin de mieux recevoir l’assaillant. C’est ainsi qu’en usoient les cavaliers armés de lances avant le milieu du seiziéme siécle, tems où ils prirent l’usage de combattre en escadrons.

Les combats en champclos, étant devenus sous les derniers rois de la seconde race, une des voyes juridiques de terminer les procès, plusieurs églises obtinrent du prince, que leurs serfs seroient reçûs à rendre le témoignage contre des personnes de toute sorte de condition, et que nul ne pourroit, sans être réputé convaincu du fait dont il étoit accusé, et sans perdre sa cause, refuser de combattre contre ces serfs, sous prétexte qu’ils ne seroient point des champions recevables. Cette loi est contenue expressément dans les chartres octroyées pour ce sujet, par le roi Louis Le Gros, à l’église de Chartres, comme à l’abbaye de saint Maur-Des-Fossés, et par plusieurs de nos rois à l’abbaye de saint Denis.

Venons aux Francs de condition libre. Ils étoient tous laïques. Ce n’est point que plusieurs Francs n’embrassassent tous les jours l’état ecclésiastique ; mais dès qu’un Franc ou un autre Barbare embrassoit cette profession, il étoit réputé avoir renoncé à être de la nation, dont il avoit été jusques-là, et avoit passé, pour ainsi dire, dans la nation Romaine[1].

  1. Voyez encore ci-dessous, ch. 17.