Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/438

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est dit simplement dans le premier : « L’homme libre qui tuëra un Ripuaire libre, sera condamné à deux cens sols d’or. » Ce titre ne contient rien de plus. Au contraire, le trente-sixiéme qui statue sur le meurtre commis par le Ripuaire, qui auroit tué une personne d’une autre nation, condamne le meurtrier à une somme plus ou moins forte, suivant la condition dont étoit le mort. Le Ripuaire qui auroit tué un Franc Salien, y est condamné à deux cens sols d’or. Celui qui auroit tué un Bourguignon, à cent soixante. Celui qui auroit tué un Romain citoyen d’un autre pays que celui que tenoient les Ripuaires, à cent sols d’or. Enfin le Ripuaire qui auroit trempé ses mains dans le sang d’un soûdiacre, doit payer quatre cens sols d’or ; celui qui les auroit trempées dans le sang d’un diacre, cinq cens sols d’or, et celui qui les auroit trempées dans le sang d’un prêtre, six cens sols d’or. Qui ne voit qu’une loi si jalouse de proportionner la peine d’un meurtrier à la qualité de la personne tuée, auroit infligé des peines plus ou moins fortes aux meurtriers des Ripuaires de differente condition, si les Ripuaires eussent été divisés en plusieurs ordres.

Ce qui démontre, à mon sentiment, que le silence de la loi des Francs, et celui des historiens sur la division des Francs libres en differens ordres, prouve contre cette division, c’est que les loix des nations, dont les citoyens ont été véritablement divisés en nobles et en non-nobles, dans les siecles dont il est ici question, parlent de cette division ; c’est que les historiens en font mention. Citons quelques exemples.

On trouve dans le recueil de Lindembrog la loi des Frisons, une des nations Germaniques, dont les citoyens étoient partagés en deux ordres ; celui des nobles, et celui des Frisons qui ne l’étoient pas. Il y est dit, au titre des Homicides  : » Le Noble qui aura tué un autre Noble, payera quatre-vinge sols d’or. Le Noble qui aura tué un simple Citoyen, payera cinquante-quatre sols d’or, & celui qui aura tué un affranchi, payera vingt-sept fols d’or au Patron de l’Affranchi, & neuf sols d’or