Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/440

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laquelle fait foi que les voleurs étoient exécutés à mort. Il est dit dans la loi des Bourguignons : » Si quelqu’un de notre Peuple, de quelque Nation qu’il soit, vient à tuer une personne de condition libre, ou même un de ceux des esclaves du Roi, à qui l’on a donné la même éducation que les Romains donnent à leurs Esclaves, que le sang du meurtrier soit versé. Si uni Esclave, ajoute cette même Loi, tuë sans que son Maître soit complice du crime, un homme de condition libre, que l’Esclave seul soit mis à mort ; mais si le Maître est complice, qu’on envoye au supplice & le Maître & l’Esclave. » Enfin un des capitulaires de Charlemagne, statuë positivement, que les homicides et les autres criminels, qui suivant la loi, doivent être punis de mort, ne recevront aucun aliment lorsqu’ils se seront réfugiés dans les églises, et que cet azile ne doit pas leur sauver la vie. Si nos loix nationales n’ordonnent pas la peine de mort dans tous les articles où elles arbitrent les interêts civils dûs pour chaque crime aux particuliers lézés par le crime, c’est qu’elles laissent au roi, qui comme nous le dirons, jugeoit souvent lui-même les accusés qui étoient de condition libre, le droit de décider si les circonstances du crime exigeoient ou non, que pour l’interêt de la societé on fît mourir le coupable et de quel genre de mort il devoit être puni.

Je reviens à mon sujet, qu’il n’y avoit point deux ordres dans la nation des Francs. Si les citoyens de la nation des Saxons étoient divisés en plusieurs ordres, les historiens anciens et les loix ont fait une mention expresse de la distribution des Saxons libres en differens ordres. Nithard, petit-fils de Charlemagne, dit en parlant des Saxons, que son ayeul avoit engagés à se faire chrétiens ; que les citoyens de cette nation étoient divisés en trois ordres ; celui des nobles, celui des hommes nés libres, et celui des esclaves. Adam De Bréme qui vivoit dans l’onziéme siecle, parle même de la constitution de la société,