Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/455

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justice à toute une province. Quand les tribus des Francs habitoient encore au-de-là du Rhin, et quand chaque tribu ne jouissoit que d’un petit territoire où il ne se trouvoit encore que des citoyens de cette nation, il n’y avoit qu’une compagnie de judicature, qu’une cour de justice dans chaque royaume. Mais lorsque la nation réunie en deux tribus, se fut répandue dans les Gaules, il y eut apparemment dans chaque quartier de Francs une semblable compagnie, qui se transportoit successivement dans les differens lieux de son district, pour y rendre justice aux Francs, qui avoient des contestations avec d’autres Francs. On voit par les capitulaires, que cette assemblée étoit sédentaire du tems des rois de la seconde race, ou que du moins elle avoit en plusieurs lieux des tribunaux fixes, et qu’elle y rendoit la justice à des jours marqués.

Les ordonnances des rois défendent à ces compagnies de tenir leurs scéances dans les églises, ni sous les porches des églises, et elles enjoignent aux comtes de faire construire des bâtimens, où elles puissent vacquer à l’abri des injures du tems, aux fonctions de leur ministere. Nous verrons en parlant du gouvernement general du royaume, que dans la suite, le tribunal de judicature dont nous parlons, rendit la justice, non-seulement dans les contestations survenues entre des Francs et des Francs, mais aussi entre des Francs et des citoyens des autres nations, et que le Mallum devient un tribunal commun ; une chambre mi-partie, ou composée à la fois de Francs ou d’autres Barbares, et de Romains, afin qu’il s’y trouvât des juges instruits dans toutes les loix, suivant lesquelles les procès devoient être décidés.

Il y avoit encore d’autres tribunaux inférieurs à celui-là, que le comte ou le gouverneur particulier d’une cité convoquoit, où, et quand il lui plaisoit, et qui pouvoient terminer les procès de peu d’importance, et juger provisionnellement les autres.

On se figure communément que durant le sixiéme siécle et les siécles suivans, les Francs non-seulement faisoient tous profession des armes, mais encore qu’ils n’exerçoient aucune autre profession que celle d’aller à la guerre. C’est même princi-