Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/456

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palement sur cette fausse idée, qu’on a bâti le sistême chimérique, qui fait venir de ces Francs, l’ordre de la Noblesse existant aujourd’hui dans le royaume, et qui voudroit revêtir cet ordre d’une infinité de prérogatives et de droits, qu’on trouve bon d’attribuer à nos Francs, mais dont ils ne jouirent jamais. Nous allons voir qu’il en étoit des Francs comme des Romains, et des autres nations qui habitoient dans les Gaules. Tous les citoyens de ces nations, faisoient bien profession des armes en un sens, parce que, comme il n’y avoit pour lors, que très-peu de troupes reglées, ils se trouvoient souvent dans l’obligation de manier les armes. Il y en avoit même quelques-uns d’entre eux, qui faisoient plus particulierement profession des armes, parce qu’ils composoient la milice ordinaire des Gaules, ou celle qui étoit toujours commandée pour marcher en campagne dès qu’il y avoit guerre. Tels étoient parmi les Romains, ceux qui possedoient encore des benefices militaires, et les soldats des légions, qui étoient passées en quatre cens quatre-vingt dix-sept au service de Clovis. Tels étoient les Francs qui possedoient les terres Saliques, dont nous parlerons incessamment. Mais si ceux des Francs, qui étoient dans une obligation particuliere d’aller à la guerre, ne faisoient point d’autre profession que celle des armes, du moins ceux qui n’avoient d’autre obligation de servir, que celle qui étoit commune à tous les citoyens, ne laissoient pas d’exercer d’autres professions, et d’en faire leur occupation ordinaire. En un mot, il y avoit des Francs dans tous les états et conditions de la societé.

Dès que la nation eut été établie dans les Gaules, et qu’elle eut embrassé le christianisme, il y eut plusieurs Francs qui entrerent dans l’état ecclésiastique, et qui prirent les ordres sacrés. Monsieur De Valois, après avoir fait l’énumeration des évêques qui signérent les actes du concile tenu dans Orleans, la vingt-sixiéme année du regne de Childebert fils de Clovis, dit qu’on reconnoît au nom que portoient trois des prélats qui les ont souscrits, sçavoir Lauto évêque de Coutance, Lubenus évêque de Chartres, et Ageric évêque de Verdun, qu’ils étoient sortis tous trois de la nation des Francs. Les actes d’un autre concile nationnal tenu à Orleans la trente-huitiéme année du regne du même Childebert, font aussi foi qu’il