Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/457

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y avoit dès-lors plusieurs Francs déja parvenus à l’épiscopat. Les actes de ce concile sont souscrits par Genotigernus évêque de Senlis, par Saffaracus évêque de Paris, et par Medoveus évêque de Meaux. On voit par le nom de ces trois évêques, qu’ils étoient Barbares, et comme probablement il n’y avoit gueres alors d’autres Barbares établis dans leurs diocèses que des Francs, et comme d’ailleurs c’étoit le peuple qui élisoit ses évêques, il paroît évident que nos trois prélats étoient des Francs qui s’étoient engagés dans les ordres, et qui avoient été élûs par les bons offices de leurs compatriotes. Les actes du concile tenu à Paris en cinq cens cinquante-sept, sont souscrits par douze évêques Romains, et par trois évêques Barbares de nation. On voit encore par les actes des conciles suivans, que le nombre des évêques sortis des nations barbares, alloit toujours en augmentant dans les Gaules par proportion au nombre des évêques Romains de nation, qui diminue de concile en concile. Un passage d’Agathias[1] qui a été rapporté, dit aussi, que les Francs, dans le tems que cet historien écrivoit, c’est-à-dire, un peu-après le milieu du sixiéme siécle, avoient des évêques sortis de leur nation, et un endroit de Theganus que nous avons fait lire dans le chapitre precedent, montre que la plûpart des évêques qui manquerent à la fidélité qu’ils devoient à Louis Le Débonnaire, étoient ou des serfs affranchis qu’il avoit élevés à l’épiscopat, ou des Barbares parvenus à cette dignité.

Suivant l’apparence, Leuto, Génotigernus et les autres Francs que nous trouvons évêques dès le milieu du sixiéme siecle, n’avoient point été élûs avant que d’avoir pris les ordres sacrés, ni même peu de tems après les avoir pris. Il est même apparent que les peuples n’auront pas choisi pour leurs évêques les premiers Francs qui auront pris les ordres. Dans chaque diocèse, le peuple, qui pour la plus grande partie étoit composé de Romains, aura voulu sçavoir par l’expérience, avant que d’élire des Francs pour ses évêques, si les personnes de cette nation étoient propres au gouvernement ecclésiastique, dont l’esprit est si fort opposé à celui du gouvernement militaire. Il aura fallu du tems aux ecclésiastiques Francs de nation pour faire revenir les Romains de la prévention, dans laquelle il étoit naturel qu’ils fussent, contre l’administration d’un évêque né Barbare. D’ailleurs, quoique Leuto, Ageric, Genotigernus, Saffaracus et Medoveus, soient les premiers évêques Francs que

  1. Hist. lib. 1.