Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/458

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nous connoissions, il se peut bien faire qu’il y en ait eu d’autres auparavant. Si tous les évêques des pays de la domination de Clovis, se fussent trouvés au premier concile d’Orleans, peut-être verrions-nous parmi les souscriptions faites au bas de ses actes, la signature de dix ou douze évêques Francs de nation.

Mais dira-t’on, tout ce que vous avancez, concernant la nation dont étoient Genotigernus et les autres évêques, qui ont souscrit les actes des conciles nationaux que vous citez, et concernant la nation des évêques qui ont souscrit les actes des conciles postérieurs dont vous avez parlé, n’est point fondé sur les actes de ces conciles. Il n’y est point dit que ces évêques fussent Francs. Chacun des évêques qui les ont signés, a bien ajouté à son nom propre le nom du diocèse dont il étoit évêque, mais il n’y a pas joint le nom de la nation dont il étoit sorti. Saffaracus énonce bien, par exemple, dans la souscription qu’il étoit évêque de Paris, mais il n’y dit point qu’il fût Franc de nation ; d’où tenez-vous le secret de leur naissance ?

Je réponds que leur nom propre fait suffisamment connoître qu’ils n’étoient pas Romains, et par conséquent qu’ils étoient Barbares. Tous les écrivains célébres pour avoir illustré notre histoire, supposent, et même quand la question se presente, ils soutiennent expressément, que par le nom que portoit une personne qui vivoit dans le cinquiéme siecle et dans les siecles suivans, on reconnoît si elle étoit Romaine ou Germaine de nation. Monsieur l’abbé Fleuri de l’Académie françoise, juge très-souvent sur le nom de ceux dont il s’agit, de laquelle des deux nations ils étoient. C’est sur le nom des évêques qui ont souscrit les actes des conciles des Gaules, qu’il juge que jusqu’au huitiéme siecle, la plupart d’entr’eux ont été Romains. Mais je me contenterai de faire lire ici ce que dit à ce sujet-là Monsieur De Valois[1], parce que les autres auteurs sont de même sentiment que lui. Ce sçavant homme, après avoir rapporté ce qu’on lit dans Gregoire De Tours[2], concernant Deuteria, l’une des femmes du roi Theodebert, fils de Thierri I ajoute :

  1. Histoire du Droit Fr. pag. 16.
  2. Annal. Cointiani ? Tom. 1. pag. 127.