Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/459

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» On voit assez par le nom seul de Deuteria qu’elle étoit Gauloise, ou comme on le disoit alors, Romaine ; car on doit sçavoir, que toutes les personnes de ce tems-là, dont notre Histoire fait mention, & qui portent un nom Grec ou Romain, étoient Gauloises. Les noms propres Gaulois avoient cessé depuis long-tems d’être en usage. Au contraire, on doit tenir pour Francs de Nation, ou du moins pour Germains, les personnes de ce tems-là, qui portent des noms tirés de la Langue Germanique. On peut même, en suivant ce principe, distinguer les Vandales des Romains d’Afrique, les Visigots des Romains d’Espagne, les Ostrogors des Romains d’Italie, enfin les Bretons Insulaires des Anglois. » Monsieur de Valois, qui dans le passage dont on lit la traduction, traite d’un évenenement arrivé vers le milieu du sixiéme siecle, ajoute : » Il est vrai que dans les tems postérieurs, quelques-uns des Francs, non-contens d’épouser des femmes Gauloises, prirent aussi des noms & des surnoms Romains, & que d’un autre côté, quelques-uns des Romains prirent des noms Francs. C’est ce qu’il suffira d’avoir remarqué une fois. »

Je dirai en passant, qu’on peut confirmer par le témoignage de l’Abbréviateur, ce qu’avance Monsieur De Valois en conséquence de son principe général, concernant Deuteria la femme de Theodebert en particulier ; l’Abbréviateur écrit en termes exprès, que cette Deuteria, étoit Romaine de nation.

En effet, comme la plupart des noms propres viennent de quelque mot de la langue maternelle, de ceux qui les portent, il s’ensuit qu’on connoît de quelle nation sont les personnes que l’histoire nomme, dès qu’on peut sçavoir de quelle langue sont dérivés les noms propres que l’Histoire leur donne. Ainsi nous pouvons aisément reconnoître les Romains à leur nom, tirés du latin ou du grec, qui étoit devenu une langue très-commune parmi eux. Quant aux noms barbares, on les reconnoît pour tels, soit parce qu’on sçait ce qu’ils signifient en langue Germanique, soit parce qu’on en voit porter de semblables à des personnes, qu’on sçait d’ailleurs avoir été Barbares, soit enfin parce qu’ils ne sont pas Romains. Je n’en dirai point davantage sur ce sujet, dans la crainte qu’il ne parût, si je le traitois plus au long, que j’aurois voulu m’approprier comme une nouvelle découverte, une observation faite par d’autres, et suffi-