Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/460

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Au reste comme les Francs, qui prenoient le parti de l’état ecclésiastique, se faisoient couper les cheveux pour s’habiller à la façon des Romains, et comme tout ecclésiastique, vivoit selon la loi romaine, ces Francs étoient réputés avoir quitté leur nation pour se faire de la nation des Romains, et par conséquent ils étoient tenus pour inhabiles à remplir aucune des dignités particulieres à la nation des Francs, et sur tout à parvenir à la royauté, où il est bien apparent que l’on ne pouvoit point aspirer sans être de cette nation. La raison le veut ainsi, et d’ailleurs il est certain qu’on ne pouvoit pas prétendre à la royauté des Visigots qu’on ne fût Visigot, ainsi qu’il est déclaré dans un canon du cinquiéme concile de Tolede, tenu depuis la conversion des Visigots à la religion catholique. Voilà pourquoi Clovis, comme nous l’avons vû, fit couper les cheveux à Cataric et à ses enfans, lorsqu’il voulut les rendre incapables d’être rois d’aucune des tribus des Francs. Voilà pourquoi Childebert et Clotaire donnerent à sainte Clotilde le choix de voir couper les cheveux des fils de Clodomire, dont ils vouloient usurper le royaume, ou de voir poignarder ces jeunes princes. Enfin voilà pourquoi saint Cloud, le troisiéme des fils de Clodomire, fut regardé comme mort civilement pour les Francs, dès qu’il eut coupé ses cheveux, et qu’il se fut fait ecclésiastique. Aussi Gregoire de Tours observe-t’il, que ce prince se coupa les cheveux de sa propre main, et pour ainsi dire, que ce fut lui-même qui s’immola. Qu’il me soit permis de hazarder une conjecture ? Il n’est point apparent, que l’on coupât les cheveux au Franc qui se faisoit ecclésiastique, sans quelque cérémonie. Un acte tel que celui-là qui changeoit l’état d’un citoyen, devoit être un acte autentique, et dont il restât des preuves. Je conjecture donc qu’il a donné lieu à la cérémonie de la tonsure, qui est le premier pas pour entrer dans l’état ecclésiastique. Ce qui peut appuyer cette pensée, ce sont les paroles que la personne à qui l’on confere la ton-