Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/463

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en son propre et privé nom, à la même peine pécuniaire, à laquelle tous les Ratchimbourgs sont condamnés collectivement dans la loi des Saliens. » Si dans un procès, dit la Loi des Ripuaires, les Ratchimbourgs refusent de prononcer suivant la Loi Nationale, alors la Partie à laquelle ils auront fait perdre le procès, dira : Je vous somme de juger conformément à la Loi des Ripuaires. Si les Racchimbours refu sent de prononcer ainsi, & qu’il y ait preuve du fait, chacun d’eux sera condamné à payer quinze sols d’or d’amende. »

On voit bien qu’il s’agit dans ces deux articles, non pas de juges qui auroient renvoyé un coupable absous, condamné un innocent, déchargé un débiteur, en un mot, prononcé contre la justice, mais de juges qui n’auroient pas voulu se conformer à la disposition d’une certaine loi, en condamnant un coupable, en renvoyant l’innocent absous, en prononçant une sentence juste au fond. Ces articles de la loi des Francs sont rélatifs au serment que faisoient nos rois, de faire rendre bonne justice à chacun de leurs sujets, et de la faire rendre à chacun suivant la loi de la nation, dont il étoit citoyen. Il n’est pas étonnant que des juges qui avoient quelque lumiere, aimassent mieux dans plusieurs cas, se conformer en prononçant leurs sentences aux loix du droit Romain, qui sont la raison écrite, que de suivre servilement ce qui étoit statué dans des loix grossieres, et faites par des législateurs encore à demi sauvages.

On ne m’objectera point, à ce que j’espere, que les Francs ne sçachant point le latin, ils n’étoient gueres propres à remplir les emplois que je leur fais exercer. On a vû que dès le regne de Childeric, et quand ils n’étoient encore établis que sur la lisiere des Gaules, ils entendoient déja generalement parlant, la langue latine. Dès qu’ils auront été domiciliés dans le centre des Gaules, la nécessité d’entendre la langue ordinaire du pays, aura obligé ceux qui ne sçavoient pas encore le latin à l’apprendre. Paris devint sous le regne de Clovis le séjour ordinaire du roi des Francs et des principaux citoyens de cette nation. Si les peres avoient mal appris la langue latine, les enfans nés dans les Gaules, et élevés parmi ceux des