Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/467

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Il y a véritablement deux des dix-sept provinces des Gaules, où l’on parle aujourd’hui Allemand. Ce sont les deux Germaniques, ausquelles on peut ajouter peut-être quelque portion de la premiere Belgique. Mais comme il a déja été observé dans le premier livre de cet ouvrage, les peuples qui les habitoient dans le cinquiéme siécle, et que les Francs y trouverent déja établis, étoient originairement des Germains. Quelques-uns d’entr’eux y avoient été transplantés par les empereurs en differens tems, et quelques-uns y étoient même domiciliés depuis peu. D’ailleurs ce fut dans ces deux provinces que les Francs dûrent s’habituer plus volontiers que dans aucune autre contrée des Gaules. Ainsi dans le sixiéme siécle, les Germains s’y sont trouvés en plus grand nombre que les Romains, et peu à peu ils auront donné leur langue à ces derniers. La même cause qui aura fait que dans quinze provinces des Gaules, les Francs et les autres Germains auront appris à parler latin, ou une langue dérivée presqu’entierement du latin, aura fait que dans les deux autres provinces, les Romains auront appris à parler la langue Tudesque.

Je reviens à la condition des Francs sous Clovis et sous ses premiers successeurs. Nous avons vû que quelques-uns entroient dans l’état ecclésiastique, que d’autres, qui possedoient les terres Saliques, étoient proprement enrôlés dans la milice du royaume, que d’autres remplissoient les places les plus importantes du gouvernement, qu’enfin d’autres entroient dans les emplois municipaux. Quant au reste des citoyens, il vivoit, ou de son bien, ou de son industrie. En effet, comme on ne voit pas qu’il y eût alors de troupes reglées composées de Francs, la solde du prince n’étoit point comme elle l’est aujourd’hui, une ressource toujours prête pour ceux qui n’ont point un patrimoine suffisant à s’entretenir, et qui cependant ont de l’éloignement pour les professions lucratives. Les terres Saliques qui se partageoient entre les enfans mâles du dernier possesseur, n’enrichissoient pas toujours ceux qui étoient appellés à ces benefices militaires. D’ailleurs un pere pouvoit appeller ses filles à partager avec leurs freres, les terres qu’il possedoit librement, et dont il étoit proprietaire. Ainsi je ne fais aucun doute que les Francs, sur-tout ceux qui demeuroient dans les villes, n’y exerçassent toutes sortes de professions. Ils subsistoient dans