Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/474

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seconde race. L’introduction des duels judiciaires, parmi les Francs et parmi les autres nations sujettes de la monarchie, autres que les Bourguignons, est peut-être un des désordres sans nombre, dont furent cause les révoltes des Grands, et leurs cantonnemens sous les derniers rois Carliens. En effet, on voit par les représentations d’Agobard à Louis Le Débonnaire contre la Loi Gombette, que sous cet empereur, les duels judiciaires n’étoient point encore en usage parmi la nation des Francs. Agobard suppose dans ces représentations que les duels cesseroient parmi les Bourguignons, dès que le prince les auroit obligés à vivre selon la Loi Salique, ou selon la Loi Ripuaire.

Voici ce qu’on lit dans le mémoire d’Agobard.

» S’il plaisoit à notre sage Empereur d’ordonner qu’à l’avenir les Bourguignons vécussent selon la Loi du Peuple Franc, ils en deviendroient plus considerés, & notre pays ne seroit plus tourmenté par le fleau qui l’afflige. La Loi Gombette est cause tous les jours, que non-seulement les hommes qui sont capables de porter les armes, mais encore que des personnes infirmes, soit par le grand âge, soit autrement, sont appellées en Duel, & obligées à se battre souvent pour des sujets frivoles. Le succès de ces combats meurtriers ; qui trahissent frequemment la bonne cause, parce que le coupable en sort vainqueur, scandalise chaque jour les Fideles. Enfin, la Religion souffre de l’opinion où les Duels judiciaires entretiennent le Peuple : Que Dieu favorise celui qui ôte la vie à son frere, & qui rend encore ce frere malheureux pour une érernité. »

Ces combats rendoient la Loi Gombette encore plus à charge à la societé, que ne l’étoient les autres loix ; parce que dans les procès faits suivant cette loi, on ne vouloit point recevoir les témoignages des citoyens des autres nations, d’autant qu’ils n’auroient point été obligés à soutenir la vérité de leurs dépositions l’épée à la main. Comme le dit Agobard, le témoignage de ceux qui connoissoient le mieux les parties, n’étoit pas