Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/491

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te nation, et qui vouloit gagner l’inclination des Romains, répondit quand Avitus qui n’étoit encore que maître de l’une et de l’autre milice, et qui fut bientôt après empereur, vint lui demander de s’engager de nouveau à l’observation des anciennes conventions et des traités subsistans : » Rome, je jure par ton nom respectable, & par le Dieu Mars, dont les Romains & les Visigots descendent également, que mon intention est de maintenir la paix. » Les Francs n’auront fait que suivre l’exemple des Visigots ; mais cela prouve toujours qu’ils étoient attentifs à se concilier par toutes sortes de voyes l’affection des anciens habitans des Gaules, et que leur maxime n’étoit pas de les opprimer.

Enfin, que le lecteur se rappelle ce que nous avons dit à l’occasion de l’avénement de Clovis à la couronne, et concernant le petit nombre d’hommes dont la tribu des Francs, sujets de ce prince, étoit composée. Que le lecteur veuille bien faire attention sur l’humeur naturelle des habitans de la Gaule, qui n’ont passé dans aucun siécle pour stupides ni pour lâches. Sans avoir recours à d’autres preuves, on verra bien qu’il est impossible qu’une poignée de Francs ait traité de Turc à Maure, un million de Romains des Gaules. Nous avons même expliqué pourquoi il y avoit tant de serfs dans cette contrée au commencement du douziéme siécle.

L’idée générale qu’on doit se faire de l’état des Gaules sous Clovis, et sous le regne de ses fils et de ses petits-fils, c’est qu’au premier coup d’œil, cet état paroissoit à peu près le même qu’il avoit été sous Honorius et sous Valentinien son neveu. Le plus notable changement qu’on pût remarquer dans cette grande province de l’empire, où l’on étoit accoutumé depuis long-tems à voir des troupes Barbares en possession de quartiers stables et des officiers vêtus de peaux, dans tous les emplois militaires, c’étoit d’y voir un prince étranger, exercer non-seulement les fonctions du maître de la milice, mais encore celles de préfet du prétoire ou de consul, et ceux de sa nation entrer dans les emplois civils, et le même officier exercer à la fois le pouvoir civil et le pouvoir militaire. Quant au reste, la face du pays étoit la même. Les évêques gouvernoient leurs Diocèses