Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/509

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instruit de la condition de cette famille, et qu’il nous apprend qu’elle n’étoit que du troisiéme ordre. Injuriosus, dit-il, « étoit né libre, quoiqu’il fût du dernier ou troisiéme ordre de citoyen. » Dans cette même histoire il est rapporté qu’un autre Injuriosus aussi citoyen de Tours, et qui avoit été vicaire ou lieutenant d’un comte de cette cité, fut accusé d’avoir assassiné un Juif. Nous raconterons les circonstances de ce meurtre, quand nous aurons à parler de la maniere dont se faisoit sous les successeurs de Clovis l’imposition et le recouvrement des deniers royaux. Or, ce fut à comparoître devant la personne du roi Childebert, qu’Injuriosus fut cité, et il comparut le jour auquel il avoit été assigné, dans le palais où ce prince se trouvoit actuellement, mais les accusateurs ne s’étant point presentés ni ce jour-là ni les deux jours suivans, pour former leurs demandes et fournir leurs preuves, l’accusé fut renvoyé absous.

Andarchius prétendant qu’Ursus lui eût promis sa fille en mariage, ce qu’Ursus nioit d’avoir fait ; la cause fut portée devant le roi. On voit suffisamment par le nom que portoit l’une et l’autre partie, qu’elles étoient de la nation Romaine.

Est-il possible, dira-t’on encore, que le Franc obligé à plaider contre un Romain devant un tribunal Romain, ou que le Romain qui poursuivoit un Franc devant un tribunal Franc, trouvassent de la neutralité dans ces tribunaux ?

Je crois que les liaisons qui sont entre les citoyens d’une même nation, lorsqu’elle habite pêle-mêle avec d’autres nations, auront souvent fait prévariquer les tribunaux nationaux, mais je suis aussi persuadé que souvent les comtes et les autres officiers supérieurs, dont l’autorité s’étendoit sur les citoyens de toutes les nations domiciliées dans une cité, auront réussi à l’empêcher. D’ailleurs, on sçait bien qu’alors la décision des questions litigieuses, étoit une fonction municipale commune à tous les citoyens, qui s’en acquittoient chacun à leur tour. Les loix n’avoient point encore été commentées par des hommes qui employent tout leur esprit à y trouver un sens opposé à celui qui se presente d’abord ; et ces loix s’expliquoient ainsi sans peine à tous les cas portés devant les tribunaux. On n’avoit