Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/518

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mier ordre ou de l’ordre sénatorial que cette loi condamne à une peine pécuniaire de trois cens sols d’or. D’ailleurs l’expression de Convive du roi, par laquelle la Loi Salique désigne le Romain dont le meurtrier sera condamné à trois cens sols d’or d’amende, convient très-bien à un Romain de l’ordre supérieur qui pouvoit manger avec le roi, quand ceux des deux ordres inférieurs ne pouvoient point être admis à cet honneur. Les Francs auront désigné d’abord un Romain du premier ordre par ce qui les frappoit le plus, et cette désignation une fois établie, l’expression de Convive du roi, pour dire une personne d’un certain grade, sera devenue l’expression usitée.

Qu’il fallût dans les tems dont je parle avoir un certain rang pour être ce qu’on appelloit Convive du roi, on n’en sçauroit douter. Fortunat ayant dit que Condo avoit été fait tribun, et qu’il avoit ensuite servi comme comte sous le prédécesseur de Sigebert petit-fils de Clovis, il ajoute que le roi Sigebert pour récompenser Condo de ses nouveaux services, l’avoit fait monter à un grade qui le rendoit convive du roi. L’usage qui avoit reglé, qu’il falloit être d’une certaine condition pour prendre place, apparemment sans être invité, à la table des personnes d’un certain rang, a même subsisté sous la troisiéme race. On lit dans les institutes coutumieres de maître Antoine Loysel : Nul ne doit seoir à la table du baron, s’il n’est chevalier. Enfin quels que fussent ces romains Convives du roi, il est certain qu’ils composoient un ordre supérieur non-seulement aux deux autres ordres des citoyens Romains, mais aussi aux citoyens mêmes de la nation des Francs, puisque le Franc qui avoit tué un autre Franc, n’étoit condamné qu’à une peine pécuniaire de deux cens sols d’or, au lieu que le Franc qui avoit tué un de ces Romains convives du roi, étoit condamné à payer trois cens sols d’or.

Il ne faut point croire que la Loi Salique n’inflige en ce dernier cas une peine si grave, que parce qu’elle statue dans notre article sur la peine du meurtrier d’un officier public actuellement en charge, et par conséquent que c’est à l’emploi dont le Romain convive du roi se trouvoit revêtu, et non point à la prééminence de l’ordre dont il étoit, que cette loi a eu égard. Ce n’est point dans le titre quarante-troisiéme qu’on explique