Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/519

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ici, que la Loi Salique statue sur les peines dûës au meurtre d’une personne actuellement en charge, mais bien dans le titre cinquante-sixiéme qui est divisé en quatre articles, dont le premier condamne le meurtrier d’un comte à une peine pécuniaire de six cens sols d’or, et le second condamne celui qui auroit tué un officier d’un rang inferieur à trois cens sols d’or.

Non-seulement les rois Mérovingiens laissoient le Romain des Gaules en possession de son état, mais ils lui conferoient encore souvent les emplois les plus importans de la monarchie, et ils lui permettoient de s’allier par mariage avec les Francs. Les monumens litteraires du sixiéme et du septiéme siecles sont si remplis de faits qui prouvent la premiere de ces deux propositions, que je n’aurois point songé à en rassembler ici quelques-uns, si la hardiesse avec laquelle des écrivains de parti ont soutenu depuis peu, que les Francs avoient réduit les Romains des Gaules dans une condition approchante de la servitude, n’étoit point capable d’en imposer à ceux qui n’ont pas lû l’histoire de nos premiers rois dans les auteurs contemporains.

Clovis lui-même s’est servi de Romains dans ses affaires les plus importantes. Nous avons vû quelle étoit sa confiance pour Aurelien que l’Abbréviateur dit positivement avoir été Romain de nation, et de quelle importance étoit l’emploi de commandant dans le canton de Melun quand ce prince le lui confera. Saint Mélaine évêque de Rennes devint après la soumission des Armoriques au pouvoir de Clovis, son conseiller. Quel crédit S. Remi ne devoit-il point avoir sur l’esprit de ce prince son néophite ? On voit par le nom des évêques qui ont siégé sous le regne de ses successeurs, et par le nom des généraux et des ministres de ces princes, que la plûpart de ces prélats, de ces généraux, et de ces ministres étoient Romains de nation. Il y a même plus, les auteurs contemporains disent positivement quelquefois que ces généraux, que ces ministres étoient Romains. Par exemple, Gregoire de Tours parle dans plusieurs endroits de son histoire d’un Lupus[1] qui vivoit de son tems, et qui sous le regne de Sigebert petit-fils de Clovis étoit déja parvenu à l’emploi de duc de la Champagne de Reims. Or nous voyons

  1. Greg. Tor. Hist. Lib. 4. cap. 47. & lib. 6. cap. 4.