Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/520

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par un poëme que Fortunat, contemporain de Gregoire de Tours adresse au duc Lupus, que ce Lupus étoit Romain de nation. » Le Duc Lupus, dit notre Poëte, efface la splendeur des hommes les plus célébres. Penétré des sentimens Romains, qu’il tient du sang dont il est sorti, il remplit également bien les fonctions de Général & celles de Magistrat. » On pouvoit être en même tems l’un et l’autre sous nos rois Mérovingiens. Nous l’avons observé plus d’une fois.

Frédegaire trouvant à propos de nous apprendre de quelle nation étoit chacun des généraux de l’armée que le roi Dagobert I envoya contre les Gascons vers l’année six cens trente-cinq, dit : que tels et tels étoient Francs, qu’un tel étoit Bourguignon, et que Crammelenus un de ces chefs, étoit Romain de nation. Dès qu’il y avoit dans les armées de nos rois des généraux Romains, on ne sçauroit douter qu’il n’y eût aussi bien des officiers et bien des soldats, et même des corps entiers de cette nation. Qu’on se souvienne encore de ce que dit Procope, dans le passage où il parle de la réduction des Armoriques à l’obéissance de Clovis. On y voit que Clovis prit à son service les troupes Romaines, qui gardoient la Loire contre les Visigots, et que lorsque notre historien écrivoit, c’est-à-dire, après le milieu du sixiéme siécle, ces troupes étoient encore armées et disciplinées à la Romaine. En un mot, qu’elles étoient encore de véritables légions. En effet, Gregoire de Tours fait mention dans plusieurs endroits de ses ouvrages, de tribuns, qui vivoient de son tems, et l’on sçait que ce nom est de la milice Romaine, et non pas de la milice des Barbares. Notre historien dit, en parlant d’un crime commis de son tems, qu’un certain Medardus, qui étoit tribun en fut soupçonné. Ce même auteur dit dans la préface de son second livre des miracles de saint Martin, qu’après avoir