Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/522

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l’usage du lieu, la quatriéme année du regne de Childebert, et cet acte fait mention d’un maître de la milice comme d’un des officiers de la cité. Suivant toutes les apparences, ces maîtres de la milice n’étoient que les commandans de la milice Romaine de chaque cité, car l’emploi de généralissime des Gaules étoit réuni à la couronne, et nous verrons dans un chapitre composé exprès, que chaque cité des Gaules avoit sous les rois Francs sa milice, composée de ses anciens habitans, ainsi qu’elle l’avoit sous les empereurs Romains. Mais cela prouve toujours que les Francs n’en avoient point usé avec les Romains des Gaules, comme un conquerant en use avec une nation qu’il a subjuguée et qu’il opprime, de la même maniere que les Turcs oppriment les Grecs. Un tel conquerant se garde bien de laisser au peuple subjugué le maniement des armes.

Rapportons encore quelques passages des auteurs du sixiéme et du septiéme siécle, où il est fait mention des Romains pourvûs par nos rois des plus grandes dignités de l’Etat, et employés par eux dans les affaires les plus délicates.

On sçait que le patriciat étoit dans les pays qui avoient composé le royaume des Bourguignons, et qui avoient été unis en cinq cens trente-quatre au royaume des Francs, la plus grande dignité après la royale. Ou bien nos rois ayant trouvé, lorsqu’ils soumirent ce pays-là, que le premier officier du prince s’y nommoit Patrice, ils continuerent à donner ce titre à celui qui devoit y commander immédiatement sous eux. Ou bien nos rois, et c’est ce qui me paroît de plus vraisemblable, ayant trouvé la qualité de Patrice comme réunie au diadême des Bourguignons, parce que les derniers rois de cette nation l’avoient eue, et d’un autre côté ne voulant plus la porter, lorsqu’ils furent devenus seigneurs suprêmes des Gaules, en vertu de la cession de Justinien, ils la donnerent à leur premier officier dans celles de leurs provinces dont il s’agit, afin que le peuple accoutumé à obéir à des Patrices, lui obéît par habitude. Quoiqu’il en ait été, il est toujours certain que ce premier officier se nommait Patrice. Or il est fait mention dans un seul chapitre de Gregoire de Tours, de trois Romains créés pa-