Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/524

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recommandation de Brunehaut. Le même historien nous apprend un peu plus bas, que Protadius fut élevé à la dignité de maire du palais, dont l’autorité devoit s’étendre sur tout un partage. » L’année suivante, dit encore ce même Auteur, » Claudius, Romain de Nation, fut fait Maire du Palais par le Roi Thierri le jeune. »

Ce n’est point parce qu’il paroissoit extraordinaire à Frédégaire, que des Romains fussent élevés à de si grandes dignités, qu’il marque de quelle nation étoient Claudius et les autres. C’est uniquement parce qu’il a jugé convenable de dire, de quelle nation étoient ceux dont il racontoit l’avancement. La preuve de ce que je soutiens, c’est qu’il en use de la même maniere, lorsqu’il parle de l’avancement des Francs. En rapportant que Colenus avoit été fait patrice par Thierri Le Jeune, il observe que Colenus étoit Franc de nation. Frédégaire remarque qu’Erpon étoit de la même nation, quand il dit qu’Erpon fut fait duc, ou commandant de la Bourgogne Transjuranne.

Je pourrois encore raporter une infinité d’autres exemples, pour prouver que les Romains ne furent jamais exclus sous les rois Mérovingiens des plus grandes dignités de la monarchie. Mais je me contenterai de fortifier ceux que j’ai rapportés par un raisonnement. Les Romains, comme on l’a vû plus d’une fois, aimoient mieux être sous la domination des Francs que sous celle des Bourguignons ou des Gots. Il faut donc que les Romains ne fussent point traités plus mal par les Francs, que ces Romains l’étoient par les Bourguignons et les Gots. Or les Bourguignons et les Gots n’ont jamais exclu les Romains des emplois les plus importans.

On a vû qu’Arédius et plusieurs autres ministres du roi Gondebaud étoient Romains. Ce prince dans le préambule de la