Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/527

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En troisiéme lieu, les écrivains dont je parle, n’ont jamais eu la réputation d’être sçavans dans nos antiquités. Au contraire les auteurs les plus illustres par ce genre d’érudition, sont du sentiment de Dom Thierri Ruinart, qui dans la préface qu’il a mise à la tête de son édition des œuvres de Gregoire de Tours, a écrit : Lorsque les anciens Habitans des Gaules, ou pour parler le langage de ces tems-là, lorsque les Romains & les Francs eurent été associés de maniere que les deux Nations ne faisoient plus qu’un seul Peuple, le Peuple de la Monarchie se trouva composé en premier lieu de personnes sorties des Maisons illustres & de celles que Grégoire de Tours appelle Maisons Sénatoriales ; en second lieu, de Citoyens nés libres ; en troisiéme lieu, de personnes affranchies par leurs Maîtres à differentes conditions ; & en quatrieme lieu, de véritables Esclaves. Ceux d’entre les Romains qui avoient de la naissance ou qui étoient riches, parvenoient aux principales Dignités de la Monarchie, ainsi que les Francs descendus de ceux qui étoient venus d’au-delà du Rhin. L’Histoire de Gregoire de Tours fait foi que dans les tems dont elle parle, plusieurs de ces Romains furent faits Comtes & même Ducs. »

Aussi ne réfutons-nous sérieusement l’opinion contraire, que parce qu’elle flatte assez la vanité de plusieurs personnes pour s’accréditer, toute fausse qu’elle est ; c’est en dire assez quant à present. Montrons que nos Romains s’allioient tous les jours par mariage avec les Francs. Ce sera une nouvelle preuve que les Francs ne les traitoient point comme on traite des serfs.

Il est vrai qu’il y a eu des Barbares du nombre de ceux qui dans le cinquiéme siécle s’établirent sur le territoire de l’empire Romain, qui long-tems y ont habité sans vouloir s’allier par des mariages avec les Romains. Par exemple, il a été deffendu durant plusieurs générations aux Visigots d’épouser des Romaines, et aux filles des Visigots de se marier avec des Romains. Nous avons une preuve sans réplique de ces prohibitions dans la loi faite pendant le septiéme siécle pour les révoquer insensi-