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lui-même, parce que les Bourguignons maîtres de son Diocèse, l’accusoient de vouloir le livrer aux Francs.


LIVRE 4 CHAPITRE 4

CHAPITRE IV.

Histoire du Mariage de Clovis avec la Princesse Clotilde.


Il ne pouvoit point y avoir alors dans les Gaules une personne plus propre à faire réussir le projet que les Romains de cette grande province avoient probablement formé, que la princesse Clotilde. On a vû qu’elle étoit fille de Chilpéric, cet infortuné roi des Bourguignons dont nous avons rapporté la fin tragique, et qui suivant toutes les apparences mourut dans la véritable religion. Nous avons aussi parlé de la femme de ce prince la protectrice des évêques, et dont Sidonius fait un éloge qui ne laisse pas lieu de douter qu’elle ne fût aussi catholique. Aussi sa fille Clotilde avoit-elle été élevée dans cette religion. Nos annales font foi qu’elle avoit autant d’élevation d’esprit et de prudence, que de pieté. Il n’étoit donc pas difficile de prévoir qu’elle auroit un grand crédit sur l’esprit du mari qu’elle épouseroit. Clotilde faisoit alors son séjour dans les Etats de ses oncles Gondebaud et Godégisile, et quoique ces princes fussent ariens, elle y faisoit publiquement profession de la religion catholique, ce qui montroit à la fois et son courage et son attachement à l’Eglise Romaine.

En effet, on verra par ce que disent d’anciens auteurs concernant son mariage avec Clovis, qu’elle n’y consentit qu’après qu’on lui eut donné satisfaction sur les difficultés qu’elle fit d’abord concernant la religion du mari qu’on lui proposoit. Mais je crois qu’il est à propos avant que de rapporter les endroits de nos auteurs, où il est parlé de ces détails, de donner l’histoire abrégée du mariage de Clotilde, telle qu’elle se trouve dans Grégoire de Tours. Après l’avoir lûe, on entendra mieux les auteurs qui nous ont donné un récit plus étendu et mieux circonstancié d’un évenement de si grande importance.

« Les ministres que Clovis envoyoit souvent en Bour-