Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/535

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des meres. S’il se trouve aujourd’hui dans quelques contrées de la monarchie des corps, des compagnies, et des societés où l’on n’est admis qu’en prouvant qu’on est issu de mere et d’ayeules nobles, c’est par trois raisons.

En premier lieu, les successeurs de Hugues Capet ont réuni au royaume qu’il avoit possedé, plusieurs pays démembrés de la monarchie Françoise à la fin du regne de la seconde race, et qui durant le tems écoulé entre leur démembrement et leur réunion, avoient été soumis à l’empire d’Allemagne, où l’esprit des loix Saxonnes a toujours prévalu, parce que plusieurs des premiers chefs de cette monarchie ont été Saxons de nation. Il s’est donc trouvé dans les pays dont je parle, lorsqu’ils ont été réunis au royaume de France, plusieurs coutumes et usages contraires à ceux qui s’y observoient avant le démembrement, et nos rois ont bien voulu laisser subsister ces nouveautés.

Secondement, ces princes ont souffert que depuis deux siecles on ait introduit des usages contraires aux anciens usages de la monarchie, en differentes contrées de leur obéissance.

En troisiéme lieu, nos rois ont eu la facilité de permettre que des ordres ou societés dont le chef-lieu est hors du royaume, y établissent des maisons, que dans la réception des novices on y suivît des loix faites en un pays étranger, et qu’on y observât même les nouveaux statuts que ces ordres ont ajouté depuis cent quatre-vingt ans, aux anciens, soit pour obliger les novices à faire preuve de trois dégrés de noblesse paternelle et maternelle, au lieu qu’il suffisoit dans les premiers tems qu’ils fissent preuve d’un dégré, soit pour astraindre ces novices à faire ces preuves par actes et leur interdire de pouvoir les faire par témoins, ainsi qu’elles se faisoient précédemment.

On doit regarder comme une de ces loix étrangeres dont nos rois ont bien voulu permettre l’exécution dans leurs Etats, l’article de la Pragmatique de Bourges, dans lequel il est ordonné que, pour jouir du privilége qu’on accorde aux nobles de pouvoir, après trois ans d’étude dans une université, y être faits gradués, quoique les non-nobles n’y puissent être faits gradués, qu’après cinq ans d’étude, il faudra être issu d’un pere et d’une mere nobles. En effet cet article de la Pragmatique