Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/537

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C’étoit donc au comte de chaque cité, que les magistrats municipaux des Romains, ainsi que leurs officiers militaires devoient s’addresser dans les affaires importantes. C’étoit au comte que les sénieurs des Francs et les autres chefs des essains de Barbares devoient recourir. C’étoit lui qui dans les occasions leur intimoit les ordres du roi, et qui avoit soin que la justice fût rendue et les revenus du prince payés. C’étoit encore lui qui commandoit dans les occasions, les troupes que son district fournissoit pour servir à la guerre, et qui par conséquent ordonnoit aux Barbares comme aux Romains, de prendre les armes et de marcher. Le pouvoir civil, comme on l’a déja remarqué, n’étoit point séparé du pouvoir militaire sous les rois Mérovingiens, ainsi qu’il l’avoit été sous les empereurs successeurs de Constantin Le Grand.

Nous avons déja observé que la division des Gaules en dix-sept provinces, n’avoit point eu de lieu sous nos rois, du moins par rapport au plus grand nombre de ces provinces. Ainsi l’on voit bien que les comtes devoient répondre directement au roi, et qu’en campagne ils devoient commander la milice de leur district immédiatement sous lui ou sous le général qu’il avoit nommé. Il faut cependant en excepter les comtes dont les cités se trouvoient enclavées dans les especes de commandemens que nos rois érigeoient de tems en tems, en mettant plusieurs cités sous les ordres d’un seul officier. Celui à qui l’on confioit ces especes de gouvernemens, dont la durée et les bornes ont été d’abord purement arbitraires ; et qui avoit plusieurs comtes sous ses ordres, s’appelloit du même nom qu’on donnoit dans le bas empire à ceux qui commandoient dans un Tractus ou commandement militaire, et il se nommoit duc. Par exemple sous le regne des petits-fils de Clovis on forma de la Touraine et du Poitou un de ces gouvernemens, dont Ennodius fut fait duc. Mais comme je viens de le dire, il ne paroît point que ces gouvernemens ayent jamais fait un département stable, ni pour user de cette expression, une Province permanente, ainsi que le faisoient les gouvernemens de même genre, que les empereurs romains avoient érigés dans les Gaules, et qui s’appelloient Tractus. Il arrivoit donc que quelquefois un comte avoit un duc pour supérieur, et quelquefois qu’il n’y avoit personne entre le comte et le prince, auquel cas le comte recevoit immédiatement les