Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/551

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qu’elle subsistoit encore sous les premiers successeurs de Hugues Capet. Ainsi l’on ne doit pas reprocher à Louis Le Gros et à d’autres rois de la troisiéme race, d’avoir mis le droit de tirer raison de ses concitoyens par la voie des armes, au nombre des droits qu’ils accordoient par leurs chartres aux communes qu’ils rétablissoient, ou à celles qu’ils érigeoient de nouveau. Ces princes n’auront fait en cela que rendre aux premieres un droit qu’elles réclamoient, odieux si l’on veut, mais dont elles n’avoient point été dépouillées par un pouvoir légitime. Il leur avoit été ôté par des usurpateurs qui les avoient opprimées. Quant aux secondes, le droit qu’on laissoit aux premieres, sembloit exiger qu’on leur en accordât un pareil, sur tout, dans un tems où la France étoit couverte de brigands nichés dans des forteresses, et qui ne respectoient gueres les jugemens du souverain.

On voit par d’autres passages de Gregoire de Tours, que de son tems les milices des cités alloient à la guerre, et que même en plusieurs autres conjonctures, elles étoient commandées pour le service du roi.

Aussi-tôt après la mort du roi Chilpéric premier, Childebert son neveu s’empara de la cité de Limoges et de la cité de Poitiers. Gontran frere de Chilpéric, et qui avoit des prétentions sur Poitiers, se mit en devoir d’en chasser Childebert et de s’en rendre le maître. Il donna donc à Sicarius et à Villacarius, la commission de s’en saisir. Ce dernier étoit comte d’Orleans, et lorsqu’il reçut sa commission, il venoit de soumettre la Touraine à Gontran. Sicarius et Villacarius se mirent donc en campagne avec les Tourangeaux, pour entrer dans le Poitou d’un côté, tandis que les milices de la cité de Bourges y entreroient d’un autre. Cette expédition finit par une convention, dans laquelle la cité de Poitiers s’engageoit à reconnoître Gontran pour roi, au cas que l’assemblée qui s’alloit tenir pour accorder ce prince avec Childebert son neveu, décidât que le Poitou devoit appartenir à Gontran.

On voit dans Gregoire De Tours plusieurs autres exemples de cités qui ont porté la guerre dans une autre cité, et dont les milices commettoient autant de désordres qu’en auroient pû